Jacques Saurin a été très populaire pendant sa vie et
même après ; on se souvient qu’Adolphe Monod trimballait une édition de ses
sermons, au point que son père lui demande, dans une lettre du 31 mai
1826 : « N’y a-t-il point de Saurin à Naples ? » Il n’est donc pas
étonnant qu’un grand nombre de portraits du prédicateur de La Haye
étaient en circulation. J’en possède plusieurs, mais malheureusement,
pas un seul n’est daté.
Le premier semble avoir été vendu du vivant de Saurin
(le vendeur indiquait : vers 1720), car l’année de la mort du
prédicateur (1730) n’est pas indiquée. On notera également l’orthographe
surprenante du prénom. Il est plus fréquent de voir « Jaques » que «
Jacque ».
L’artiste se nomme Desrochers ; il s’agit probablement de Etienne Jahandier Desrochers (1668-1741).
Le second est une belle gravure du XIXème siècle par Ambroise Tardieu (1788-1841) d’après un peinture de Chéreau (probablement François Chéreau (1680-1729) ou Jacques Chéreau (1688-1776)).
Sur la petite brochure que le pasteur Freddy Dürrleman
(1881-1944) a consacrée à Saurin en 1931, on trouve une autre gravure
qui semble être une copie de moindre qualité du même tableau de Chéreau,
mais probablement faite bien avant la gravure de Tardieu. Ici, le
prénom a son orthographe moderne.
La collection Duijvestein à Leidschendam-Voorburg
(Pays-Bas) possède une lithographie de Jacques Saurin ; les artistes
nommés sont C.C.A. Last (1808-1876) et P. Blommers.
Dans la traduction de la biographie de Saurin par J. J.
van Oosterzee (1856), on trouve un portrait assez semblable des
imprimeurs-litographes Gustave Simonau (1811-1870) et William Toovey
(1821-1914).
Une version plus moderne a été créée par Martin Claverie, un artiste de la fin du XIXème siècle :
La plupart de ces portraits, sinon tous, semblent
remonter a un seul et même portrait initial, peut-être de Chéreau,
montrant un Saurin avec une perruque très bouclée. Selon le talent du graveur, Saurin
paraît plus ou moins jeune ; sa chevelure et sa robe ne changent guère.
Il y a quelque temps, j’ai pu acheter, à vil prix, une
gravure de la collection Christian H. Hammer (1818-1905), joaillier de
la Cour suédoise. Il est connu pour avoir possédé le violon Stradivarius
portant son nom. La gravure de Ch[arles] Simmoneau (1645-1728) d’après
un portrait de H[yacinthe] Rigaud (1659-1743) montre un jeune pasteur ;
une inscription à la main précise que c’est Jacques Saurin.
Si c’est bien Saurin – et cela semble plausible : les
dates correspondent et la ressemblance du visage est patente – nous
avons là un autre portrait, assez rare, il faut le dire, qui montre que
Saurin n’a pas toujours porté la perruque à la chevelure abondante de son portrait
classique.
Aussi publié sur mon site consacré à la prédication française (ici). Vous y trouverez également des images de haute résolution.
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