vendredi 26 avril 2013

Pierre du Moulin - Pour se préparer à la Sainte Cène


 

Il s’agit d’une belle prédication préparant les fidèles à la célébration de la Cène, extraite de la première décade de sermons.

Le texte clé

1 Co 11.28 : Que chacun s’éprouve soi-même et ainsi mange de ce pain et boive de cette coupe.

Contenu

Quand nous nous rendons au culte, pour écouter la Parole de Dieu et participer à la Cène, nous devons considérer que nous nous présentons devant le Dieu saint, malgré toute notre faiblesse, dans sa maison, et nous devons nous rappeler ce qu’est la Cène. Paul nous exhorte à nous examiner nous-mêmes, mais cet examen est difficile, car nous sommes souvent aveugles pour nos propres défauts, alors que notre perception des défaillances des autres est souvent exagérée. Or cette attitude est néfaste, car elle nous empêche de progresser.

L’examen de soi doit se concentrer sur deux choses : la réalité de notre repentance, et l’existence de notre foi. « La repentance regarde aux choses que Dieu attend de nous, mais la foi se propose les choses que nous attendons de Dieu. L’une regarde les commandements de Dieu, l’autre ses promesses. L’une règle nos actions, l’autre nos croyances. »

Repentance

La repentance commence par la connaissance de ses péchés. Il ne s’agit pas de nous comparer à nos semblables, mais de nous mesurer aux exigences de la loi de Dieu, et notamment l’amour de Dieu et du prochain. Or l’Ecriture associe amour de Dieu et obéissance, de sorte que celui qui désobéit n’a pas d’amour pour Dieu.

L’examen de nos péchés ne doit pas se contenter de l’extérieur, mais doit pénétrer nos pensées et affections intérieures, ainsi que nos paroles. Il ne doit pas se contenter du mal que nous avons fait mais doit embrasser tout le bien que nous avons omis de faire. Il faut se méfier des faux semblants. Ainsi, l’idolâtrie peut se cacher dans le culte du corps, dans les excès de table ou encore l’amour de l’argent, le meurtre dans le refus de générosité, et bien des convoitises charnelles peuvent rester camouflées dans notre cœur. De même, il faut démasquer les déguisements du péché, qui sait parfois se faire passer pour une vertu : l’avare se veut bon gestionnaire etc.

A cela s’ajoute que non seulement nous nous rendons coupables de péchés, mais nous péchons également en approuvant les fautes des autres. Celui qui écoute des blasphèmes et en rit, ne vaut guère mieux que le blasphémateur, et il se rend doublement coupable, en ne mettant pas en garde le malfaiteur.

Et ce n’est pas tout. Quelle part de notre temps avons-nous employé à avancer dans la foi, dans la connaissance et dans la crainte de Dieu ? Pis, nous nous donnons tout entier à nos occupations mondaines et nos divertissements, alors que notre esprit s’égare quand il s’agit de prier ou d’écouter la Parole. « Tout bien compté, il se trouve que Dieu n’a pas seulement la moindre partie de notre vie, mais aussi la pire, et celle à laquelle nous apportons le moins d’attention. »

Nos bonnes actions, quant à elles, procèdent souvent de mauvais motifs ; ainsi, la crainte d’une mauvaise réputation ou la volonté d’être bien vu peuvent générer certains comportements vertueux.

Bref, notre examen de nous-mêmes est souvent superficiel, et quand nous nous examinons en profondeur, le résultat n’est guère réjouissant, ce à quoi s’ajoute que bien de fautes restent cachées à nos yeux, sans pourtant être cachées à Dieu.

Ces pensées sont douloureuses pour quiconque aime Dieu et le pousser à la repentance, mais cette douleur est salutaire, car elle pousse le croyant à « changer de vie par un vrai et sérieux progrès, et un désir ardent de conformer pour l’avenir sa vie à la volonté de Dieu ». Ainsi, l’homme se trouve dans la bonne disposition pour prendre la Cène.

Foi

Le prédicateur passe ensuite au deuxième examen requis, à savoir l’examen de la foi. L’Ecriture toute entière nous enseigne que la foi est nécessaire au salut. La foi est en quelque sorte la main qui reçoit la grâce venant de Dieu. Il convient donc de « tâter le pouls de nos consciences pour reconnaître s’il est tranquille et réglé, et si elles se reposent en Jésus-Christ et en sa mort ».

Cet examen n’est pas sans difficulté, notamment parce qu’il y existe plusieurs sortes de fausse foi : la foi hypocrite, qui se résume à la profession extérieure ; la foi endormie qui se repose vaguement sur la miséricorde de Dieu ; la foi ignorante, par laquelle un homme se fie en ses propres mérites, la foi qui n’est que adhésion au contenu des Ecritures. « La vraie foi », par contre, « est celle par laquelle non seulement nous croyons que les promesses de Dieu sont véritables, mais aussi que ces promesses nous appartiennent ».

Du Moulin aborde ensuite les caractéristiques de la vraie foi. Tout d’abord, elle donne paix à l’âme et calme la conscience. Qu’a-t-il à craindre pour celui pour qui le Christ est mort ? Bien entendu, cette confiance n’est appropriée que si elle suit un temps de doutes et de troubles ; « on ne vient pas à cette paix et tranquillité de l’âme qu’après des combats et agitations intérieures ». De même, se calme prouve qu’il n’est pas simple endormissement parce qu’il nous porte dans les afflictions de la vie. Le prédicateur cite plusieurs signes de l’authenticité de notre foi : l’amour de Dieu qui remplit nos cœurs, notre désarroi face aux insultes faites à Dieu, notre perception de la main de Dieu derrière les bienfaits qui nous sont faits, notre souffrance face à notre péché et à celui du monde, l’amour des croyants et du prochain et plus généralement les bonnes œuvres qui marquent notre vie. En effet, « pour être assuré de son salut, il n’est pas besoin de fouiller les secrets de la prédestination, ni de feuilleter le livre de la vie. Il y a d’autres livres dans lesquels nous pouvons trouver cette assurance. Il y a le livre de l’Evangile qui dit que quiconque croit en Jésus-Christ ne périra pas, mais aura vie éternelle. Il y a aussi le livre de la conscience, par lequel le fidèle sent en soi-même qu’il croit en Jésus-Christ et ne met sa confiance en aucun autre … ».

Du Moulin conclut en insistant sur le fait qu’il ne faut pas désespérer de la faiblesse de notre repentance et de notre foi, ce qui compte, c’est qu’elle soit vraie et sans hypocrisie, et qu’elle soit accompagnée du désir de la fortifier, par l’étude de l’Ecriture et la pratique de bonnes œuvres. Cette attitude qualifie le croyant à prendre la Cène avec confiance.

La prédication proprement dite est suivie d’une méditation qui reprend, pour l’essentiel, les mêmes points, mais à la première personne, ainsi que de prières à dire avant et après la Cène.

Structure

Le sermon ne possède pas de structure très élaborée ; il comporte une introduction et deux parties à peu près de même longueur consacrées à l’examen de la repentance et celui de la foi. La prédication se termine sur un bref encouragement.

Points forts

Du Moulin prêche d’une manière très claire et compréhensible. Son tour d’horizon des problèmes liés à la repentance et la foi semble complet ; je le trouve assez poignant.

Faiblesses

La structure d’ensemble est assez molle et ne se dégage qu’après une recherche.

Eléments rhétoriques

Rien de particulier à signaler à cet égard. Du Moulin cause, il ne cherche pas d’effets rhétoriques.

Autres observations

Pour bien apprécier cette prédication, il faut savoir que la Cène était administrée très rarement dans les Eglises réformées de ce temps. On est donc très loin des pratiques de la plupart des Eglises modernes où la Cène est célébrée toutes les semaines ou du moins tous les mois.

Contrairement à sa réputation, Du Moulin se montre très peu polémique dans ce sermon.  

Le texte original (en moyen français) ainsi qu’un enregistrement audio sont disponibles sur mon site consacré à la grande prédication française (ici).

jeudi 18 avril 2013

André Bieler sur Monod et le Réveil



André Bieler (1914-2006) était un pasteur et théologien suisse. Fondateur de la Déclaration de Berne en faveur de l’aide au développement (1968), il est considéré comme l’un des principaux éthiciens protestants de la seconde moitié du XXe siècle. Son livre « Chrétiens et socialistes avant Marx: Les origines du grand malentendu », Genève, Labor et Fides, 1981, comporte un passage intéressant sur Adolphe Monod (p. 46s) :

« … Il faudrait citer ici la longue liste des œuvres protestantes d’évangélisation, de mission et d’entraide qui se multiplièrent dès cette époque […]. Il faudrait aussi évoquer la vie et le dévouement des éminentes personnalités qui ont illustré le protestantisme de ce temps, grâce au dynamisme et à l’abnégation individuelle que leur communiqua leur piété vivante, fruit du Réveil. De nombreuses femmes de grande valeur se signalèrent par leur dévouement tenace au profit d’activités philanthropiques où elles payèrent de leur personne. On connaît les noms fameux des Monod, Hollard, de Pressensé, Lutteroth, Stapfer, de Broglie (Madame était la fille de Mme de Staël), Mallet, de Gasparin, etc. Tous appartenaient aux milieux des affaires, de la diplomatie, des carrières libérales, et de la haute administration.

Il n’empêche que l’orientation politique des milieux du Réveil était non seulement passéiste mais bien souvent contre-révolutionnaire. Adolphe Monod suspectait le pasteur Oberlin, dont nous avons cité l’œuvre sociale exemplaire qu’il déployait au Ban-de-la-Roche, de n’avoir pas été assez religieux.
« C’était un bien respectable pasteur, écrivait-il, mais c’est une question de savoir si le soin qu’il a pris des intérêts temporels n’a pas nuit (sic), à certains égards, au développement des intérêts spirituels. »
Du haut de sa piété, il jugeait de façon très sévère les canuts lyonnais en révolte au début de la Monarchie de Juillet.
« Nous demandâmes particulièrement à Dieu, écrivait-il en 1831, de ne pas traiter ce pauvre peuple (les ouvriers insurgés) selon ses péchés, de se souvenir de ses enfants qui habitent cette ville, plus nombreux que les justes de Sodome, de faire grâce à la ville à cause d’eux, de mettre un frein aux passions déchaînées, etc. D’abord, nous fûmes péniblement agités, mais bientôt nous reçûmes la paix ; et nous éprouvâmes une douce tranquillité … Pendant que ces scènes affreuses se passaient au dehors, au dedans tout était tranquille. Vous n’aviez que quelques pas à faire, vous auriez cru passer du Royaume du démon dans celui de Jésus-Christ ; nous lisions sa Parole, nous invoquions son nom, nous nous réjouissions en sa grâce, qui nous avait délivré des passions de l’homme naturel et qui nous gardait en paix au milieu des fureurs et des calamités dont il nous rendait témoins … »
Une attitude analogue accompagna les événements révolutionnaires de 1848. Le méthodiste Louis Rostand exprime bien la peur dans laquelle furent plongés les groupes protestants qu’il fréquentait.
« La terreur est partout, écrivait-il, le peuple enfonce les portes des maisons … ; on craint le pillage, on craint l’incendie, on craint tout ; la mort est sur les lèvres ».
Ami Bost exprime ouvertement son mépris pour le nouveau régime.
« Quelle basse et misérable comédie fut l’établissement de cette république ! écrit-il. Et comment s’est-il trouvé des personnes pieuses qui aient pu se tromper sur le caractère de cette incartade, et oublier ce que Montesquieu même, quoique peu éclairé en religion, avait su bien voir, qu’une république ne peut subsister qu’avec un certain degré de vertu qui nous manque depuis longtemps. »
De tels jugements semblent, selon E. Léonard, partagés par la majorité des « personnes pieuses ». Il cite toutefois quelques exceptions : le pasteur Léon Pilatte, d’origine très modeste, qui dit avoir été « malade d’émotion et de joie » en apprenant l’avènement de la République, le jeune Edmond de Pressensé, beaucoup plus ouvert que son milieu aux aspirations socialistes ; il fut frappé par le calme et l’intelligence des révolutionnaires, « cette race intelligente, vive, spirituelle et bonne » ; et Madame André-Walther, « la piétiste de la haute société parisienne dont l’hôtel de la Trésorerie générale, à Tours, servait de point d’attache à toute une intelligentia (sic) fuyarde. » … »


NB : Dans son ouvrage La carte protestante. Les réformés francophones et l’essor de la modernité (1815-1848), Genève, Labor et Fides, 1997, p. 90, le professeur d’apologétique William Edgar (1944-) relativise ces propos, en commentant le sermon Etes-vous un meurtrier ? d’Adolphe Monod :
« Il est certain que cette approche des problèmes de la société a un côté moralisateur. Mais l’appréciation sur Monod de Bieler et de ses collègues issus du Réveil est par trop sévère : « non seulement passéiste mais bien souvent contre-révolutionnaire ». […] On trouve davantage ce genre de conservatisme chez la première génération de prédicateurs tels que J.I.-S. Cellerier. […] Il nous semble plutôt discerner une certaine approche individualiste, bien protestante, mais pas uniquement, du problème social. Pour Monod, à cette époque, il fallait commencer par moraliser les chrétiens pour arriver, ensuite, à des solutions plus globales. C’est de l’apologétique indirecte, à partir de principes protestants. »
Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

André Bieler on Monod and the Awakening



André Bieler (1914-2006) was a Swiss pastor and theologian. As one of the founders of the Bern Declaration in favour of development assistance (1968) he is considered to have been one of the foremost protestant specialists on ethics of the second half of the twentieth century. His book “Chrétiens et socialistes avant Marx: Les origines du grand malentendu », [Christians and socialists before Marx ; the origins of the great misunderstanding] Geneva, Labor et Fides, 1981, contains an interesting passage on Adolphe Monod and the Awakening movement (p. 46 et seq.)

*** My translation of the French original ***

“... In this context one would have to cite the long list of protestant organisations for evangelism, mission and mutual aid that proliferated during this period. […] One would also have to cite the life and dedication of the great personalities who have brought fame to the Protestantism of this time, thanks to the dynamism and self-denial produced by their living faith, which was a fruit of the Awakening. Many women of great worth have stood out by their persistent dedication in favour of philanthropic activities in which they invested their lives. We remember the great names: Monod, Hollard, de Pressensé, Lutteroth, Stapfer, de Broglie (Mrs de Broglie was Mrs de Staël’s daughter), Mallet, de Gasparin etc. All of them were part of business circles, members of the diplomatic corps, members of liberal professions or senior civil servants.

This notwithstanding, the political orientation of the members of the Awakening movement was not only backward-looking but very often counter-revolutionary. Adolphe Monod suspected the minister Oberlin, whose exemplary social work at the Ban-de-la-Roche we have mentioned above, of not being sufficiently religious. He wrote: 
“He was a very respectable pastor, but one may ask oneself whether the care he has taken of the temporal interests did not prejudice the development of the spiritual interests in some respects.” 
Looking down from his pious stance, he pronounced a very severe judgement on the silk workers of Lyons when they revolted at the beginning of the July Monarchy. In 1831, he wrote:
“We have asked God in particular not to deal with this poor people (the insurgent workers) according to its sins, to remember his children living in this town, whose number is greater than that of the just of Sodom, to spare the city because of them, to put a damper on the raging passions etc. At first, we were painfully agitated, but soon we received peace and we felt pleasantly tranquil. … While these awful scenes took place outside, everything was tranquil inside. You could have had the impression of going from the Kingdom of the demon to the Kingdom of Jesus-Christ by making just a few steps: we were reading his Word, we called upon his name, we rejoiced in the grace of him who had delivered us from the passions of natural man and who maintained our peace in the midst of the fury and the calamities which we had to witness …”
The attitude was the same during the 1848 revolution. The Methodist Louis Rostand has very well expressed the fear these events generated in the protestant groups he was familiar with:
“There is terror everywhere, he wrote, the crowds break the doors …; we fear looting, we fear arson, we fear everything; death is on everyone’s lips.”
Ami Bost openly expressed his disdain for the new regime:
“What a mean and miserable comedy the establishment of this Republic was!” he writes. “How come that pious persons could be mistaken as to the nature of this prank and forget what even Montesquieu, although he was not very much informed on religion, had discerned: that a Republic can only survive if there is a certain degree of virtue, which we have lost long ago.”
According to E. Léonard, most “pious people” held such opinions. However, he cites some exceptions: the pastor Léon Pilatte, who had a very humble background, who said that he was “sick with emotion and joy” when he heard of the advent of the Republic; the young Edmond de Pressensé, who was much more open-minded than his environment with respect to socialist aspirations – he was struck by the calm and the intelligence of the revolutionaries, “this intelligent, quick-witted, spiritual and good race”; and Mrs André-Walther, “the pietist of the high society of Paris whose Hôtel de la Trésorerie générale in Tours constituted a base for a runaway intelligentsia”. …”


NB: In his book La carte protestante. Les réformés francophones et l’essor de la modernité (1815-1848) [The protestant card. The French-speaking Reformed protestants and the rise of modernity (1815-1848)], Geneva, Labor and Fides, 1997, p. 90, William Edgar (1944-), a professor of apologetics, challenges these assertions. Having cited a passage from Adolphe Monod’s sermon Etes-vous un meurtrier ? [Are you a murderer?], he pursues:
*** My translation of the French original ***

“It is true that this approach to social problems is somewhat moralizing. But Bieler’s evaluation of Monod and his colleagues of the Awakening movement (“not only backward-looking but very often counter-revolutionary”) is too harsh. […] This sort of conservatism is rather found in the sermons of the first-generation preachers such as J.-I.-S. Cellerier. […] I think that [Monod] expresses an individualistic approach to social problems, which is commonly found in protestants (but also elsewhere). At that time, Monod thought that one first had to moralize the Christians in order to reach more global solutions later on. It is a sort of indirect apologetics, based on protestant principles.”
Also published on my Adolphe Monod website (here).

André Bieler über Monod und den Réveil



André Bieler (1914-2006) war ein Schweizer Pastor und Theologe. Als Gründer der Erklärung von Bern zur Unterstützung der Entwicklungshilfe (1968) gilt Bieler als einer der wichtigsten protestantischen Ethiker der zweiten Hälfte des zwanzigsten Jahrhunderts. Sein Buch Chrétiens et socialistes avant Marx: Les origines du grand malentendu, [Christen und Sozialisten vor Marx : die Ursprünge des großen Mißverständnisses] Genf, Labor et Fides, 1981, enthält einen interessanten Abschnitt zu Adolph Monod (p. 46ff):

*** Meine Übersetzung aus dem Französischen ***

„… Hier müßte man die lange Liste der protestantischen Evangelisations-, Missions- und Hilfswerke anführen, die zu dieser Zeit aus dem Boden geschossen sind. […] Man müßte auch das Leben und die Hingabe herausragender Persönlichkeiten erwähnen, die dem Protestantismus dieser Zeit Glanz verliehen haben, dank der Unternehmungsfreudigkeit und der Opferwilligkeit, die ihnen aus ihrer lebendigen Frömmigkeit – Frucht der Erweckungsbewegung – erwuchsen. Viele sehr beeindruckende Frauen zeichneten sich durch ihre hartnäckige Hingabe an philanthropische Werke aus und brachten viele Opfer. Man kennt die großen Namen: Monod, Hollard, de Pressensé, Lutteroth, Stapfer, de Broglie (Frau de Broglie war die Tochter von Frau de Staël), Mallet, de Gasparin, usw. Sie alle kamen aus den Reihen der Unternehmer, der Diplomaten, der freien Berufe und der hohen Beamten.

Dessenungeachtet war die politische Ausrichtung der Erweckungsbewegung nicht nur auf die Vergangenheit fixiert sondern sehr oft konterrevolutionär. Adolphe Monod verdächtigte den Pastor Oberlin, dessen beispielhaftes soziales Werk im Ban-de-la-Roche wir erwähnt haben, nicht hinreichend religiös zu sein. 
„Er war ein ehrenwerter Pastor“, schreibt er, „aber man kann sich fragen, ob die Aufmerksamkeit, die er den zeitlichen Fragen gewidmet hat, nicht in mancher Hinsicht der Entwicklung der geistlichen Fragen Schaden zugefügt hat.“ 
Von seinem Podest der Frömmigkeit herab hat er die Seidenspinner in Lyon, die sich am Anfang der Juli-Monarchie erhoben, sehr streng beurteilt.
„Wir haben insbesondere Gott darum gebeten“, schreibt er 1831, „daß er dieses arme Volk (die aufständischen Arbeiter) nicht seinen Sünden entsprechend behandelt, daß er seiner Kinder gedenkt, die in dieser Stadt wohnen und die zahlreicher sind als die Gerechten Sodoms, daß er dieser Stadt seine Gnade gewährt, ihrethalben, daß er die entfesselten Leidenschaften abschwächt, usw. Zuerst waren wir unangenehm aufgebracht, aber dann schenkte er uns seinen Frieden, und eine sanfte Gemütsruhe erfüllte uns. ... Währenddessen sich draußen schreckliche Szenen abspielten, war innen drinnen alles ruhig. Mit ein paar Schritten gelangte man von etwas, das wie das Reich des Dämons erschien, in das Reich Jesu Christi: wir lasen sein Wort, riefen seinen Namen an, erfreuten uns an seiner Gnade, die uns von den Leidenschaften des natürlichen Menschen befreit hatte und uns inmitten des Wahnsinns und des Unheils, zu deren Zeugen er uns machte, den Frieden erhielt. ...“
Die Ereignisse der Revolution von 1848 wurden ähnlich gesehen. Der Methodist Louis Rostand drückt die Angst, die die protestantischen Gruppen, mit denen er verkehrte, erfaßte:
„Der Schrecken ist überall“, schreibt er, „das Volk stößt die Türen ein, ...; wir fürchten Plünderungen, wir fürchten Brandstiftung, wir fürchten alles; der Tod ist in aller Munde.“
Ami Bost drückt seine Verachtung für das neue Regime offen aus:
„Welch niedrige und armselige Komödie war doch die Errichtung dieser Republik!“, schreibt er. „Wie konnten die frommen Leute sich nur bezüglich des Wesens dieser Dummheiten täuschen, und vergessen, was sogar Montesquieu richtig gesehen hatte, obwohl er in den Dingen der Religion nicht besonders hellsichtig war, daß nämlich eine Republik nur dauern kann, wenn ein gewisses Maß von Tugend vorhanden ist, was aber bei uns schon lange abhanden gekommen ist.“
Wenn man E. Léonard glaubt, wurden diese Ansichten von der Mehrzahl der „frommen Personen“ geteilt. Er nennt dennoch ein paar Ausnahmen: den Pastor Léon Pilatte, der aus ganz bescheidenen Verhältnissen stammte, und der erzählte, daß er „krank vor Rührung und Freude“ war, als er von der Ausrufung der Republik hörte, aber auch den jungen Edmond de Pressensé, der den sozialistischen Träumen viel offener gegenüberstand als seine Umwelt – er war erstaunt von der Ruhe und der Intelligenz der Umstürzler, „dieser intelligenten, lebendigen, spirituellen und guten Rasse“, und Frau André-Walther, „die Pietistin der guten Pariser Gesellschaft, deren Hôtel de la Trésorerie générale in Tours den Intellektuellen auf der Flucht als Treffpunkt diente. ...“

PS: In seinem Buch La carte protestante. Les réformés francophones et l’essor de la modernité (1815-1848), [Die protestantische Karte. Die reformierten Christen französischer Sprache und der Aufschwung der Moderne (1815-1848)] Genf, Labor et Fides, 1997, p. 90, nuanciert William Edgar (1944-), Professor für Apologetik, diese Aussagen. Nach einem Zitat aus der Predigt Etes-vous un meurtrier ? [Sind Sie ein Mörder?] von Adolphe Monod erklärt er:
*** Meine Übersetzung aus dem Französischen ***

„Es ist klar, daß diese Behandlung der Probleme der Gesellschaft etwas Moralisierendes hat. Aber Bielers Beurteilung („nicht nur auf die Vergangenheit fixiert sondern sehr oft konterrevolutionär“) Monods und seiner Kollegen aus der Erweckungsbewegung ist allzu streng. [...] Man findet diese Art von Konservativismus eher bei den Predigern der ersten Generation, wie z.B. J.-I.-S. Cellerier. [...] Ich sehe da eher eine gewisse individualistische Behandlung des sozialen Problems, wie sie bei den Protestanten sehr verbreitet ist (aber nicht nur bei ihnen). Monod war zu dieser Zeit davon überzeugt, daß man damit beginnen muß, die Christen zu moralisieren, um später globalere Lösungen anzugehen. Es handelt sich dabei um indirekte Apologetik, auf der Basis von protestantischen Prinzipien.“
Auch auf meiner Adolphe Monod Website veröffentlicht (hier).

jeudi 11 avril 2013

Ami Bost - Les études de théologie à Genève vers 1810



Ami Bost (1790-1874) était l’un des homes importants du Réveil qui a eu une influence non négligeable sur Frédéric, Adolphe et Guillaume Monod. Dans l’extrait suivant de ses Mémoires (1854) il décrit ses études théologiques à Genève:

« J’entrai en théologie vers la fin de 1809.

Cette époque se ressentait encore fortement du caractère de la grande révolution française, qui venait à peine de se terminer : la doctrine, quant à l’église, et les mœurs en général, étaient arrivées à un relâchement dont on ne peut facilement se faire aujourd’hui une idée : la manière de vivre des étudiants, aussi bien des étudiants en théologie que des autres, y correspondait : les propos, les chansons, les dessins sur les bancs des auditoires, la conduite de quelques-uns, étaient au-dessous du tolérable.

Quant à l’enseignement ; il y a un fait qui domine tous les autres, et qui semblerait incroyable, mais qui est authentique. Pendant les quatre ans que nous passions à étudier la théologie, et sauf l’usage qu’on était obligé de faire de l’ancien testament pour apprendre un peu d’hébreu, en traduisant environ cent psaumes pendant ces quatre années, on n’ouvrait pas la bible dans nos auditoires : ce livre y était inutile et inconnu ; en d’autres termes, il n’entrait pas dans les cours ; et, sauf son usage comme thème de langue, on pouvait ne pas le posséder ! Sans doute on nous en parlait quelquefois, soit pour nous y montrer quelques beautés poétiques ou des mouvements oratoires, soit pour appuyer les dogmes qu’on appelait de religion naturelle, même celui d’une résurrection et d’un jugement à venir : mais, à part cela, rien. Et quant au nouveau testament en particulier, comme plusieurs de nous savaient le grec, et que les autres étaient censés le savoir, ce livre ne paraissait ni comme thème de langue, ni autrement. Aucun cours non plus, ni bon ni mauvais, de dogmatique chrétienne : c’était le déisme pur ; et j’ose bien dire que, sauf la franchise qu’on n’y mettait pas, c’était un déisme impudent. Voilà les études, voilà l’atmosphère d’où Dieu a tiré, par sa grâce merveilleuse, la plupart des pasteurs et des ministres qui ont le plus figuré dans le réveil, et dans leur nombre MM. Guers, Empeyta, Malan, Gaussen, Merle, Galland, et l’auteur du présent livre. J’étudiais, jour pour jour, à la même époque que M. Gaussen ; M. Malan nous avait devancés de 2 ou 3 ans ; MM. Galland et Merle nous suivaient à un an ou deux de distance.

Sous le rapport scientifique c’était la même misère ; et il ne pouvait en être autrement. On ne cultivait alors en théologie un peu soigneusement que l’art oratoire ; et encore négligeait-on complètement, en ce point, le fonds des idées, puisque à côté de Saurin, on nous donnait une masse de sermonnaires catholiques romains, Massillon, Bourdaloue, Bossuet, Réguis, avec toutes les erreurs que ces prédications recouvraient de leurs belles paroles.

Pour nous former à la piété nous n’avions donc de secours qu’en dehors de nos études, et particulièrement dans les petites assemblées auxquelles tout nous ramène sans cesse, et qui formaient à notre malheureuse position un léger correctif. C’est vers ce temps (1810) que fut fondée cette Société des Amis, mentionnée précédemment. Elle n’a pas duré jusqu’à l’éclat du réveil en 1816 ; mais elle prit alors un peu plus de solidité qu’aucune des précédentes, et nous allons la retrouver dans un moment. Elle se composait uniquement d’hommes, surtout de jeunes gens, et elle comptait une vingtaine de membres.

On conçoit le triste effet que, dans cet état de choses, mes études théologiques devaient produire sur moi, déjà si mal dirigé et si plein de contradictions. D’un côté, je tâchais, lorsqu’il fallait composer des sermons, de faire un peu d’art oratoire ; de l’autre, j’avais dès-lors au fond de l’esprit, en fait de réthorique (sic), le principe dans lequel je me suis enraciné de jour en jour, savoir que, l’évangile étant en lui-même une puissance de Dieu et une action surhumaine, il faut le prêcher sans aucune préoccupation littéraire, sans aucun calcul de rhétorique. J’ai trouvé plus tard ce principe tel quel dans Pascal, qui dit ouvertement, dès le début de son admirable écrit sur l’Art de persuader :
« Je ne parle pas ici des vérités divines, que je n’aurais garde de faire tomber sous l’art de persuader ; car elles sont infiniment au-dessus de la nature : Dieu seul peut les mettre dans l’âme, et par la manière qui lui plait. » […]
Ce tiraillement produisait chez moi, en résultat, quelque chose de fort médiocre ; et j’ai passé longtemps auprès de mes collègues et dans le public, pour plus borné que je ne l’étais réellement.

Au milieu de cette décadence de l’enseignement et de toutes ces infidélités de ma part, je me portais cependant pour défenseur de l’orthodoxie, et j’étais alors dans l’auditoire le seul qui remplit ce rôle pénible et périlleux : car M. Gaussen, qui s’acheminait déjà vers la vérité, n’était pourtant pas encore très-déclaré. Mais je défendais l’orthodoxie plus comme théologien que comme chrétien, et sans aucune onction.

Comme exemple de plus des continuelles contradictions de ma pauvre vie d’alors, je dirai qu’à côté de mes lectures de Virgile et de Voltaire, et au milieu de toutes sortes d’attachements et de projets ou de plaisirs futiles, je composais (en 1811), du 1er au 4 octobre, pour notre Société des Amis un morceau très-développé et assez sérieux contre la danse. J’ai encore cette pièce […]. Elle commence académiquement par « messieurs, » mais elle arrive vîte (sic) à « mes frères. » C’est évidemment une pièce médiocre, mais qui peut intéresser comme document. J’y vois, en souriant, ce style à amplification qui n’est certes pas dans ma nature, et dont je sentais dès-lors la monotonie, mais auquel j’étais arrivé involontairement par la lecture assidue et tuante de Massillon, qu’on m’avait recommandée ! »

Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

Ami Bost - Divinity Studies in Geneva in the Early 1800s



Ami Bost (1790-1874) was one of the important men of the Awakening movement, which has had a significant influence on Frédéric, Adolphe and Guillaume Monod. In the following extract of his memoirs (1854) he gives an account of his divinity studies in Geneva.

*** My translation of the French original ***

“I began my theological studies in 1809.

This period was still strongly influenced by the character of the great French revolution, which had just come to an end. The doctrine – as far as the Church is concerned – and morality in general had reached a degree of laxness which one can hardly imagine today. The way in which the students lived – divinity students very much like the others – was in line with this attitude: what they said and sung, the scribbles on the benches, the behaviour of some, were beyond the tolerable.

As to the teaching, there is one major fact, which, although it may appear incredible, is true. During the four years of theological studies, except for the use of the Old Testament that was required for learning some Hebrew, by translating about a hundred psalms over the four years, we did not open the Bible in our lecture halls: this book was useless and unknown. In other words, it was not part of our courses, and apart its use for translation work you did not need to have it! I guess it was sometimes referred to, because of the beauty of some of its poetry or some oratorical movement, or in support of teachings said to belong to natural religion, comprising the resurrection and a judgment to come, but beyond that – nothing. As to the New Testament, as some of us knew the Greek language and the others were supposed to know it, this book was not used, neither for translations nor in any other way. There was no course on systematic theology, neither good nor bad, only pure deism, and I dare say, impudent deism (except for the fact that nobody was honest about it). Those were the studies and this was the atmosphere from which God has drawn, by his marvellous grace, most of the pastors and ministers who were most prominent in the awakening, among which Messrs Guers, Empeyta, Malan, Gaussen, Merle, Galland, and the author of this book. I was studying at the very same time as Mr Gaussen; Mr Malan had preceded us by two or three years; Messrs Galland and Merle followed us at a distance of one or two years.

From the scientific point of view, the situation was quite as miserable, and it could not have been otherwise. At that time the only aspect of theology that was cultivated to some extent was pulpit speaking, and even in this domain the substance was completely neglected because besides Saurin we studied a great number of Roman Catholic pulpit speakers such as Massillon, Bourdaloue, Bossuet, Réguis, and all the errors that their sermons hid under in beautiful words.

As to our spiritual education, we could only find help outside our studies, and in particular in the small assemblies to which we return all the time and which provided some slight remedy to our misery. It was about at that time (1810) that the Société des Amis, which I have already mentioned, was established. It has not lasted until the appearance of the awakening in 1816, but at that time it was a little bit more consistent than all its predecessors. We will come back on it soon. All of its – about twenty – members were male, most of them were young.

Considering this situation, you can imagine the sad effect that my theological studies had on me, [a young lad] lacking direction and full of contradictions. On the one hand, when it came to drafting sermons, I tried to exercise my oratorical skills; on the other hand, my spirit clung to the principle, which grew stronger and stronger, according to which, as far as rhetoric is concerned, the Gospel is a power from God and acts on a supernatural level, and as such has to be preached without any literary concerns and without any consideration of rhetoric. Later I found this principle expressed in Pascal’s great Art of Persuasion, where he openly says:
“I do not speak here of divine truths, which I shall take care not to comprise under the art of persuasion, because they are infinitely superior to nature: God alone can place them in the soul and in such a way as it pleases him.” […]
The outcome of this conflict in which I found myself was quite poor, and for a long time my colleagues and the public have considered me to be more narrow-minded than I really was.

Notwithstanding the decadent nature of the teaching and all my unfaithfulness, I presented myself as a defender of orthodoxy, and I was the only one in the audience to play this tiresome and dangerous part. As a matter of fact, Mr Gaussen, who was heading for the truth, still had not yet publicly expressed his opinions. That being said, I defended orthodoxy more as a theologian than as a Christian, and without any unction.

To give you an example of the contradictions that characterised my poor existence at that time, let me say that besides my reading of Virgil and Voltaire, and among many commitments, projects and futile pleasures, I drafted (from October 1 to 4, 1811) a quite elaborate and rather serious paper against dance. I still am in possession of that article […]. It begins in a very academic manner by “Sirs” but then I quickly address my listeners as “my brothers”. The article obviously is quite mediocre, but it still is an interesting document. Its amplified and monotonous style makes me smile; it certainly is not in my nature [to write in this way] but I had involuntarily adopted it by regularly reading tiresome Massillon, as I had been told to do!”

Also published on my Adolphe Monod website (here).

Ami Bost - Das Theologiestudium in Genf um 1810



Ami Bost (1790-1874) war einer der wichtigen Prediger der Erweckungsbewegung, die einen nicht unwesentlichen Einfluß auf Frédéric, Adolphe und Guillaume Monod hatte. Im folgenden Auszug aus seinen Erinnerungen (1854) gibt er uns einen Eindruck von seinem Theologiestudium in Genf.

*** Meine Übersetzung des französischen Originaltexts ***

„Ich habe mein Theologiestudium gegen Ende 1809 begonnen.

Zu dieser Zeit war der Einfluß der großen französischen Revolution, die gerade ihr Ende gefunden hatte, noch sehr deutlich spürbar: die Lehre der Kirche und die Sitten im Allgemeinen waren so locker geworden, wie man es sich heute kaum vorstellen kann. Das Leben der Studenten, sowohl in der Theologie als auch in den anderen Fächern, war dementsprechend: was sie sagten und sangen, die Kritzeleien auf den Bänken der Hörsäle und das Benehmen von so manchem war jenseits dessen, was geduldet werden kann.

Was den Unterricht angeht, übertrifft eine Beobachtung alle anderen; obwohl sie unglaublich scheint, entspricht sie der Wirklichkeit. Während der vier Jahre, die wir damit verbrachten, die Theologie zu studieren, und abgesehen davon, daß wir das Alte Testament dazu verwendeten, um ein wenig Hebräisch zu lernen – wobei wir ungefähr hundert Psalmen in vier Jahren übersetzten – öffnete man die Bibel in unseren Hörsälen nicht. Dieses Buch war dort unbekannt und nutzlos. Anders gesagt, die Bibel wurde in den Vorlesungen nicht verwendet und, von ihrem Einsatz bei Übersetzungen abgesehen, konnte man es sich leisten, sie nicht zu besitzen! Es mag schon sein, daß man sie hier und da erwähnte, zum Beispiel um uns auf Schönheiten ihrer Poesie hinzuweisen, oder auf bemerkenswerte rednerische Momente, oder um Dogmen der sogenannten natürlichen Religion zu unterstreichen, auch das der Auferstehung und eines zukünftigen Gerichts, aber davon abgesehen – nichts. Was insbesondere das Neue Testament angeht, da einige unter uns die griechische Sprache beherrschten und von den anderen dasselbe angenommen wurde, fand dieses Buch weder in Übersetzungen noch sonstwo Verwendung. Es gab auch keine Vorlesung, weder gut noch schlecht, zur christlichen Dogmatik – alles war reiner Deismus, und, obwohl man sich das nicht offen eingestand, ein schamloser Deismus. Das war unser Studium, das war die Atmosphäre, aus der Gott in seiner wunderbaren Gnade die meisten Pastoren der Erweckungsbewegung hervorgebracht hat, unter denen sich die Herren Guers, Empeyta, Malan, Gaussen, Merle, Galland und der Schreiber dieses Buchs befanden. Ich habe genau zur gleichen Zeit wie Herr Gaussen studiert; Herr Malan war uns zwei oder drei Jahre voraus, die Herren Galland und Merle folgten uns im Abstand von einem oder zwei Jahren.

Vom wissenschaftlichen Standpunkt aus war es das gleiche Elend, und es konnte auch gar nicht anders sein. Zu dieser Zeit pflegte man in der Theologie nur die Redekunst, und auch in dieser Hinsicht vernachlässigte man völlig den Grund der Dinge, denn neben Saurin legte man uns eine große Menge von römisch-katholischen Predigern vor – Massillon, Bourdaloue, Bossuet, Réguis – mit allen Fehlern, die diese Predigten unter schönen Worten verbargen.

In Hinblick auf unsere Frömmigkeit fanden wir nur außerhalb unserer Studien Unterstützung, und insbesondere in den kleinen Versammlungen, auf die wir immer wieder zurückkommen, und die uns ein wenig Abhilfe in unserer armseligen Lage gewährten. Etwa zu dieser Zeit (1810) wurde die Société des Amis gegründet, die ich vorhin schon erwähnt habe. Sie hat nicht bis zum Aufblühen der Erweckungsbewegung im Jahr 1816 bestanden, aber sie war ein wenig beständiger als ihre Vorgängerinnen, und wir werden bald wieder auf sie zurückkommen. Sie bestand nur aus Männern, vor allem jungen Leuten, und zählte ungefähr zwanzig Mitglieder.

Angesichts dieser Zustände kann man sich leicht vorstellen, welchen traurigen Einfluß meine theologischen Studien auf mich haben mußten, zumal ich ohnehin schon schlecht betreut wurde und voller Widersprüche war. Wenn es darum ging, Predigten zu verfassen, versuchte ich, ein wenig Redekunst zu beweisen, aber andererseits war ich, was die Rhetorik angeht, im Innersten davon überzeugt – und dieses Prinzip hat sich Tag für Tag in mir gefestigt – daß das Evangelium in sich die Kraft Gottes ist, und etwas, was den Menschen übersteigt, und daß man es ohne jeden Hinblick auf literarische Aspekte, ohne jede rednerische Berechnung predigen muß. Ich habe dieses Prinzip später bei Pascal gefunden, der am Beginn seiner vortrefflichen Schrift zur Kunst zu überzeugen ganz offen sagt:
„Ich rede hier nicht von den göttlichen Wahrheiten, die ich nicht unter die Kunst zu überzeugen stellen darf, denn sie sind unendlich erhaben über der Natur, Gott allein kann sie in die Seelen einpflanzen, und zwar auf die Weise, die ihm beliebt.“ […]
Diese Spannung führte bei mir zu einem sehr mittelmäßigen Ergebnis, mit dem Erfolg, daß mich meine Kollegen und die Öffentlichkeit lange für engstirniger gehalten haben, als ich es wirklich war.

Inmitten dieses Verfalls der Lehre und all meiner Untreue gab ich mich doch als Verteidiger der Rechtgläubigkeit aus; ich war zu dieser Zeit der einzige im Hörsaal, der diese mühsame und gefährliche Rolle übernahm, denn Herr Gaussen, der damals schon auf die Wahrheit zusteuerte, hatte seine Überzeugungen noch nicht öffentlich zum Ausdruck gebracht. Wohlgemerkt, ich verteidigte die Rechtgläubigkeit mehr als Theologe denn als Christ, und ohne jedes Charisma.

Um ein Beispiel der andauernden Widersprüche meines armseligen Lebens dieser Zeit zu geben, sei nur angeführt, daß ich neben meiner Lektüre von Virgil und Voltaire, und inmitten von allerhand Verpflichtungen, Vorhaben und oberflächlichen Vergnügungen, vom 1. bis 4. Oktober 1811 für unsere Société des Amis eine sehr ausführliche und ernste Abhandlung gegen den Tanz verfaßt habe. Ich habe diesen Text heute noch […]. Er beginnt mit „Meine Herren!“ geht aber dann schnell auf „meine Brüder“ über. Es handelt sich natürlich um eine zweitklassige Abhandlung, aber sie ist nicht uninteressant als Zeitzeugnis. Wenn ich sie lese, muß ich lächeln, angesichts dieses überzogenen Stils der gar nicht meinem Wesen entspricht und dessen Eintönigkeit ich mir damals schon bewußt war, aber zu dem ich unwillentlich gelangt war infolge der eifrigen Lektüre des langweiligen Massillon, den man mir empfohlen hatte!“

Auch auf meiner Adolphe Monod Webseite veröffentlicht (hier).