Demande du catéchiste : Combien y a-t-il de sortes de superstitions ?
Réponse du catéchumène : Il y en a deux principales : l’une est celle de la religion, l’autre est celle des mœurs.
D. Quels sont les objets de la superstition dans la religion ?
R. Quelquefois la superstition a les créatures pour objet, et quelquefois la divinité.
D. En quoi consiste la superstition qui a les créatures pour objet ?
R. A leur attribuer une certaine vertu, et à avoir pour elles le respect qui leur serait dû si elles avaient en effet la vertu qu’on leur attribue.
D. Donnez quelque exemple de ce genre de superstition.
R. Si je crois que l’image d’un homme qui a vécu en odeur de sainteté a la vertu de guérir d’une maladie ; si j’ai pour cette image le même respect que si elle avait la vertu que je lui attribue, je tombe dans cette sorte de superstition.
D. Mais dans ce cas que vous venez de marquer, l’idolâtrie et la superstition ne sont-elles pas une même chose ?
R. Non.
D. Quelle différence y trouvez-vous ?
R. L’idolâtrie consiste à attribuer à une créature des perfections qui ne conviennent qu’au Créateur, et qui ne peuvent convenir qu’à lui. La superstition dont j’ai parlé attribue à des créatures des vertus qu’elles n’ont pas, mais qu’elles pourraient avoir si Dieu le voulait ainsi. Un homme qui croit que le soleil est tout-puissant est un idolâtre : il attribue au soleil une perfection qui ne convient qu’à Dieu, et qui ne saurait convenir qu’à lui. Un homme qui croit que l’image d’un saint à la vertu de guérir d’une maladie est un superstitieux : il attribue à cette image une vertu qu’elle n’a point, mais qu’elle pourrait avoir, et qu’elle aurait réellement, si Dieu le voulait ainsi.
D. En quoi consiste la superstition qui a Dieu même pour objet ?
R. Si j’honore le vrai Dieu, mais que je lui rendre des honneurs qui ne répondent pas à sa grandeur, je tombe dans ce genre de superstition.
D. Alléguez-en [1] quelque exemple.
R. Je crois que Dieu est maître de ma destinée ; je le prie avec toute l’attention dont je suis capable, de me rendre heureux : c’est là un honneur que je rends à Dieu et qui répond à sa grandeur. Mais si je fais cette prière sans que mon esprit y soit attentif, sans que mon cœur soit rempli de respect pour ce Dieu que je prie, si je me contente de faire prononcer des mots à ma bouche et de lever mes yeux vers le ciel, je suis coupable de superstition : je rends à Dieu un honneur qui ne répond pas à sa grandeur. La grandeur de la divinité demande qu’une âme qui sollicite des grâces auprès d’elle soit toute occupée des perfections de la divinité.
D. Qu’est-ce qu’être superstitieux dans les mœurs ?
R. C’est prétendre honorer la divinité par des vertus qui ne répondent pas à sa grandeur.
D. Alléguez-en [1] quelque exemple.
R. Si je suis prêt à faire naufrage, si le danger que je cours me donne occasion de rentrer en moi-même, d’examiner les lois de Dieu que j’ai violées, d’en reconnaître la justice et de m’y dévouer sincèrement et pour jamais, j’honore la divinité par des vertus qui répondent à sa grandeur. Mais si je n’ai d’autre vue dans mes résolutions que de sortir du péril qui me menace, si je crois que des résolutions d’obéir à Dieu, dans lesquelles le respect que j’ai pour ses lois n’entre pour rien, me rendront Dieu favorable, je tombe dans la superstition : je rends à Dieu des honneurs qui ne répondent point à sa grandeur. La grandeur de Dieu demande qu’on se dévoue à ses lois, non seulement parce qu’on est dans un péril pressant, mais parce que ses lois sont justes et méritent le dévouement d’une personne raisonnable.
On chantera après cette Section la première partie du Psaume 8.
[1] Citez-en
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