La première partie de l’Abrégé de théologie de Jacques Saurin (1677-1730) est consacré aux vérités que la religion naturelle nous découvre. Sa section IX oppose la religion naturelle à l’idolâtrie et à la superstition :
Demande du catéchiste : Quel nom avez-vous donné à ce corps de vérités que vous venez d’expliquer ?
Réponse du catéchumène : J’ai appelé ce corps de vérités la religion naturelle, parce que l’homme raisonnable, qui fera un bon usage de l’esprit que Dieu lui a donné, ne pourra pas s’empêcher de conclure de tous les objets que le Créateur a mis devant ses yeux, qu’il y a une divinité, telle que je l’ai représentée, et qu’elle veut que les hommes lui rendent les hommages dont nous avons montré la justice et la nécessité.
D. Qui sont les hommes qui ne font pas cet usage de l’esprit que Dieu leur a donné, et qui, ayant sous les yeux les mêmes objets que sont sous les vôtres, n’en tirent pas les mêmes conclusions ?
R. Ce sont les idolâtres et les superstitieux.
D. Que signifie le mot d’idolâtrie ?
R. Il est composé de deux mots grecs, dont l’un signifie image ou représentation, et l’autre veut dire servir. L’usage a donné le nom d’idolâtres à ceux qui attribuent aux créatures les perfections du Créateur, et qui leur rendent des honneurs qui ne sont dus qu’à lui.
D. Comment est-il arrivé que ce mot particulier qui signifie un homme qui rend des honneurs aux images, a été employé pour signifier généralement tous ceux qui attribuent aux créatures les perfections de Dieu, et qui leur rendent des honneurs qui ne sont dus qu’à lui ?
R. C’est que les images, les statues ont été les principaux objets auxquels les hommes ont attribué les perfections de la divinité, et qu’ils ont servi comme Dieu.
D. Que signifie le mot de supersitition ?
R. C’est un mot latin qui vient d’un autre qui veut dire subsister après la mort.
D. Mais quelle idée attache-t-on particulièrement au mot de superstition ?
R. C’est un terme général que l’on emploie pour signifier toutes les idées bizarres que les hommes se sont faites de la religion, soit qu’elles aient le vrai Dieu, soit qu’elles aient les fausses divinités pour objet.
D. Pourquoi donne-t-on le nom de superstition à toutes les idées bizarres que les hommes ont de la religion ?
R. C’est que de toutes cers sortes d’idées, la plus générale était anciennement celle de ces visionnaires qui s’imaginaient que leurs rois, leurs héros [1], leurs grands hommes subsistaient après leur mort et étaient mis au nombre des dieux.
On chantera après cette Section les deux premiers versets du Psaume 115.
[1] On donnait anciennement ce nom à ces personnages
extraordinaires qui, n’étant pas regardés comme des dieux, semblaient
pourtant avoir quelque chose au-dessus de l’homme.
Egalement publié sur mon site Internet (ici).
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