mardi 5 avril 2016

Le Catéchisme de Saurin (I,1) - la divinité



Il est temps de reprendre notre lecture du Catéchisme de Saurin. Dans la première partie, l’on traite des vérités que la religion naturelle révèle. La première section se penche sur l’idée générale de la divinté :

Demande du catéchiste : Qu’entendez-vous quand vous parlez de Dieu ?

Réponse du catéchumène : Dieu est un être [1] auquel tout ce qui est doit son existence [2] : un être éternel qui sait tout, qui peut tout, qui est souverainement saint et souverainement bon. 


D.    Quand vous faites cette description, croyez-vous y renfermer tout ce qui convient à Dieu ?

R.      Point du tout. Dieu est infiniment au-dessus de mes lumières. Je ne doute pas qu’il n’y ait en lui beaucoup de choses qui me sont inconnues.

D.    Pourquoi vous contentez-vous de dire que Dieu est : (1) l’auteur de tout ce qui existe ; (2) qu’il est éternel ; (3) qu’il fait tout ; (4) qu’il est souverainement puissant ; (5) qu’il est souverainement saint ; et enfin, souverainement bon ?

R.      Je suis scrupuleusement le devoir que la raison m’impose ; c’est de ne rien avancer, principalement en matière de religion, et de ne rien croire, que ce dont je puis avoir de bonnes preuves.

D.    Avez-vous donc de bonnes preuves que Dieu possède toutes ces qualités que vous lui attribuez ?

R.      Oui. Sans cela, je rangerais ces attributs [3] dont j’ai parlé parmi ces choses à l’égard desquelles je ne dois avoir aucun sentiment fixe, et que je ne dois déterminer dès lors que je serai parvenu à un âge plus avancé, et que j’aurai une plus grande étendue de lumières.

D.    La connaissance que vous avez de la divinité est-elle seulement propre à exercer votre esprit, à vous découvrir certaines vérités dignes de votre curiosité, ou si elle doit avoir aussi de l’influence sur la conduite de votre vie ?

R.     Elle doit avoir de l’influence sur la conduite de ma vie.

D.    Comment cela ?

R.    C’est que dès que je suis convaincu qu’il y a un Dieu qui possède certaines perfections, je ne saurais, sans être ennemi de moi-même, ne pas pratiquer certaines vertus.


D.    Vous engagez-vous donc à prouver, non seulement que Dieu a les six perfections que vous lui attribuez, mais qu’elles sont, pour une personne raisonnable et qui entend ses intérêts, des sources de motifs [4] à la vertu ? 

R.      C’est un engagement dans lequel je crois pouvoir entrer sans témérité.




[1] C’est un mot général qui convient à Dieu et aux hommes, et à tout ce qui est.


[2] Existence : c’est un mot qui exprime qu’une chose est, et qui la distingue de celles qui ne sont point.


[3] Attribut, c’est-à-dire : qualité. Tout ce qui convient à la chose dont on parle et qui fait qu’elle est ce qu’elle est. Par exemple, quatre cotés, c’est une qualité ou un attribut qui convient à un carré, et qui fait qu’un carré est un carré.


[4] Motif est ce qui meut, qui porte à faire quelque chose.




Aussi publié sur notre site consacré à la prédication française (ici).

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