lundi 15 juillet 2013

Comment il ne faut pas prêcher : Pamphile



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Voici le deuxième portrait d’un mauvais prédicateur, extrait du traité « Comment il ne faut pas prêcher » de Napoléon Roussel (1857) ; il s’agit de l’ennuyeux Pamphile.

Cet orateur se contente de rabâcher toujours trois ou quatre idées dont seul l’enchaînement varie. En procédant de la sorte, ce prédicateur – qui se trouve souvent dans les rangs de l’orthodoxie – finit par ennuyer son auditoire. Sous prétexte de ne prêcher que le Christ crucifié – ce qui lui permet d’ignorer toutes les richesses de l’Ecriture – Pamphile s’adonne en fait à la paresse et à l’ignorance. Pour Roussel, il s’agit d’une faute aux conséquences lourdes : 
« Je ne prétends pas que le prédicateur soit tenu de posséder toutes les sciences pour les mettre à contribution (bien qui s’il le pouvait, ce n’en serait que mieux) ; mais je veux dire au moins que si Pamphile prenait la peine de sonder la Bible, et son propre cœur, il découvrirait dans ces deux mines profondes des richesses variées qu’il ne soupçonne même pas. » 
Un tel travail rendrait la prédication plus intéressante, à la fois pour l’orateur et pour son auditoire. Mais Pamphile n’en a cure : 
« Il a son système tout fait d’avance, et il ne réclame de l’Evangile que les services qu’un avocat attend du Code : des textes pour lui donner raison. » 
Selon Roussel, cette attitude cache, non seulement de la paresse, mais de la présomption et même un manque de foi : 
« Si nous étions plus profondément convaincus que c’est Dieu qui parle [dans la Bible], nous écouterions avec plus de respect au lieu d’interrompre le Seigneur pour lui dicter ce qu’il doit nous dire. » 
En négligeant l’étude de lui-même, Pamphile passe à côté d’« abîmes de profondeur » dont l’exploration lui permettrait de mieux connaître ses semblables, mais aussi de se rendre compte que son âme est soumise à des changements incessants. En ignorant cela, Pamphile perd en profondeur. 
« Oh ! Pamphile, soyez donc vous-même ; non pas vous d’hier, mais vous d’aujourd’hui, vous d’à présent. Soyez vrai, vous serez intéressant. »

Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

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