Voilà le premier chapitre du traité d’homilétique de Napoléon Roussel, « Comment il ne faut pas prêcher » (1857), en sept portraits au vitriol.
Le premier portrait d’un prédicateur pas comme il faut, celui d’Eusèbe, nous montre un prédicateur qui pratique l’art pour l’art, pour briller, sans grande conviction quant au fond. Il se met en scène, cherche l’admiration. Il fait ainsi de la prédication un spectacle. Mais le public ne s’y trompe pas ; en effet, « le plus simple auditeur est bon juge de l’affection du plus habile orateur », peut-être parce qu’ « il y a dans la voix humaine un timbre indélébile qui trahit le secret de l’âme ».
Roussel n’y va pas de main morte en s’adressant à Eusèbe :
« Votre auditoire … n’a pas osé vous dire que vous l’aviez fatigué ; mais, soyez-en sûr, il ne le pense pas moins ! S’il revient, ce ne sera pas pour vous entendre, mais parce que c’est dimanche. »
Et quand il s’agit d’affronter les grandes difficultés de la vie, on ne fera pas appel à Eusèbe :
« En temps ordinaire, [votre coterie] vous écoute ; à Pâques, elle va communier ailleurs. En santé, elle vient vous entendre ; malade, c’est un autre qu’elle fait appeler. Vous assistez à ses soirées, mais vous n’assistez ni à ses délibérations de famille, ni à ses lits de mort. Vous l’amusez, sans gagner sa confiance ; elle s’extasie devant vos gestes de théâtre, votre voix de chanteur ; mais elle méprise votre rôle d’histrion ; et le pire, c’est qu’elle n’a pas tort ! »
Ce qui manque vraiment à Eusèbe, c’est la simplicité, l’authenticité … et la conviction ; or « l’éloquence naît de la conviction ».
Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (qui était un ami de Napoléon Roussel); voir ici.
Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (qui était un ami de Napoléon Roussel); voir ici.
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