jeudi 9 mai 2013

André Encrevé sur Adolphe Monod



André Encrevé (1942-) est un historien français et probablement l’un des plus grands spécialistes du protestantisme réformé français du 19ème siècle. Agrégé d’histoire, il a été attaché de recherche au CNRS (1969-1975), puis maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université de Reims (1975-1988). Il a terminé sa carrière à l’Université Paris 12 (1997 à 2007). Dans sa thèse de doctorat « Protestants français au milieu du XIXe siècle. Les réformés de 1848 à 1870 », Genève, Labor et Fides, 1986, p. 125s, on trouve un petit portrait d’Adolphe Monod :

« … Fils du pasteur Jean Monod, étudiant en théologie à Genève, pasteur de la colonie française de Naples – où, suivant la tradition révivaliste originelle, il se « convertit » brusquement –, il devient ensuite pasteur à Lyon. Il y entre assez vite en conflit avec le consistoire (qu’il préside dans un premier temps et que préside ensuite J. Martin-Paschoud) en raison de ses conceptions dogmatiques, mais aussi à cause de son caractère intransigeant. A l’issue d’une longue querelle, il est destitué par le consistoire en 1831. Il reste alors à Lyon, comme pasteur d’une petite communauté indépendante. Mais ce ministère ne semble pas lui convenir. Dès 1836 ses amis obtiennent sa nomination comme professeur à la faculté de Montauban, ce qui marque son retour dans l’Eglise officielle. Son enseignement l’amène d’ailleurs à modifier quelque peu ses options dogmatiques. Il nuance, par exemple, ses affirmations antérieures sur l’inspiration plénière des Ecritures. Il quitte Montauban en 1847 pour venir à Paris comme suffragant du pasteur Juillerat. Plus que son originalité doctrinale, qui est faible, son éloquence le rend rapidement célèbre. Elle nous paraît aujourd’hui bien surannée ; trop marquée par la grandiloquence ; mais elle est alors unanimement louée, et elle lui vaut un réel succès « parisien » (quand il prêche, le temple de l’Oratoire est trop petit pour accueillir tous les auditeurs qui s’y pressent). … »

Dans l’ouvrage collectif, « L’Oratoire du Louvre et les protestants parisiens », Genève, Labor et Fides, 2011, p. 121s, Encrevé écrit, toujours à propos d’Adolphe Monod :

« … Bien qu’il soit avant tout un pasteur, à Paris la plus grande partie de son activité est orientée vers la prédication. Et il est vrai qu’il y remporte un grand succès, qui le fait connaître (à l’instar d’A. Coquerel) bien au-delà de la simple communauté protestante. Paul Stapfer l’évoque en ces termes :
J’ai vu le grand temple de la rue Saint-Honoré, l’Oratoire (…) profondément silencieux, bien qu’il fût rempli de monde assis et debout jusque sur les marches de la chaire et jusque dans les tribunes des étages supérieurs ordinairement désertes (…). Ce qui était frappant c’est le silence d’avant et d’après, le silence d’attente d’abord et ensuite le silence de l’effet produit.
Certes, nous avons tendance aujourd’hui à trouver son éloquence surannée ; d’autant plus qu’il n’hésite pas à tenter de provoquer l’émotion, et même la crainte chez ses auditeurs ; Michelet disait de lui : « Tous ceux qui l’ont entendu en tremblent encore. » Il reste qu’elle est particulièrement appréciée par ses contemporains. E.G. Léonard l’appelle « la voix du Réveil » et affirme que d’autres « ont parlé au nom du Réveil avec puissance et autorité (…) mais aucun ne s’est acquis une telle audience ». Mais, à Paris, son ministère dure peu de temps, puisqu’il meurt en 1856. »

Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

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