Intérieur de la Waalse Kerk, Amsterdam
Jean Baptiste Brutel de la Rivière naît à Montpellier (Hérault, France) le 17 août 1669.
Il est le fils aîné de Gédéon Brutel de la Rivière (1640-1705) et de sa
femme Jeanne, née d’Audemar (1645- ?), tous deux issus de la noblesse
languedocienne. Gédéon est conseiller du roi et receveur des gabelles de
sel [1] de Languedoc. Jean a six frères et sœurs : Jacques [2] ; Isaac
[3], Susanne [4], Samuel [5], Louise et Etienne [6].
Jean commence des études de théologie à Montpellier.
A la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, Gédéon
envisage de quitter la France. Henri d’Aguesseau (1638-1716), alors
intendant de Languedoc, cherche à le faire changer de religion et
propose un canonicat [7] accompagné d’une rente de mille livres à son
aîné. Lorsque Gédéon refuse cette offre, d’Aguesseau se montre menaçant
et cherche à le faire arrêter. Averti du danger, Gédéon s’enfuit à
Genève, mais laisse sa famille à Montpellier. Il finit par se fixer à
Lausanne, dans le pays de Vaud, et réussit à faire la plupart de ses
enfants [8]. Sa femme et sa fille aînée Susanne restent à Montpellier
[9]. Gédéon devient négociant en bonneterie ; par ailleurs, il s’engage
énergiquement au service des réfugiés et devient leur directeur en 1688.
Son fils Jean poursuit ses études de théologie au Carolinum à Zurich
[10]. Par la suite, il se rend aux Pays-Bas. Dans un premier temps, il
demeure chez son oncle, le pasteur Etienne Chauvin (1640-1725) à
Rotterdam. Il y suit les cours d’histoire et de philosophie de Pierre
Bayle (1647-1706). Ensuite, il poursuit ses études à Utrecht et à Leyde,
où il arrive en 1689.
En 1695, l’Eglise wallonne de Veere (Zélande) veut
en faire son pasteur, mais une maladie l’empêche de se présenter au
Synode de Lewarde pour être examiné. Le synode nomme un collège de six
personnes pour l’examiner après son rétablissement. Jean est finalement
installé à Veere en 1696.
En 1699, l’Eglise de Middelbourg (Zélande) envisage de faire appel à lui, mais finalement on lui préfère un autre candidat.
En 1702, on lui préfère Jacques Colas de la Treille
(1665-1723) pour le poste de pasteur de Delft, mais peu après il reçoit
un appel de l’Eglise de Rotterdam. Il y est installé par Jacques Basnage
de Beauval (1653-1723). Jacques Colas de la Treille l’y rejoint vers
1710.
En 1706, Jean épouse Marie Jeanne van Robais. Le couple a deux garçons et deux filles [11].
En 1720, Jean reçoit et accepte un appel à l’Eglise wallonne d’Amsterdam.
En 1722, il publie La traduction du premier volume de l’ouvrage The Old and New Testament connected in the History of the Jews and Neighbouring Nations de Humphrey Prideaux, en collaboration avec Moses Solanus, sous le titre Histoire des Juifs et des peuples voisins.
Suite à la mort de Henri Basnage de Beauval (1657-1710), frère de Jacques, Jean s’engage à poursuivre la nouvelle édition du Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (1619-1688). Cet ouvrage paraît en quatre volumes en 1725 [12].
En 1730, il édite le traité Examen de soi-même pour se bien préparer à la communion de Jean Claude, et en 1731 une version retouchée des Visites charitables de Charles Drelincourt.
Son Exposition abrégée des dogmes et des préceptes de la religion en forme de catéchisme est publiée en 1737.
Les dernières années de sa vie, Jean souffre de calculs rénaux.
Il meurt à Amsterdam le 14 août 1742, trois jours avant son 73e anniversaire.
Ses Sermons sur divers textes de l’Ecriture Sainte sont publiés à titre posthume en 1746.
Sources principales
- Préface et éloge historique de M. de la Rivière, publiée en tête de ses Sermons en 1746
- Hans von Burg, « Notice historique sur la famille réfugiée Brutel de la Rivière », Revue historique vaudoise, 37 (1929), cahier 9, p. 271-278
- Nieuw Nederlandsch Biografisch Woordenboek (1937)
- Sites généalogiques sur Internet
Annotations
[1] une taxe royale sur le sel
[2] Sa date de naissance est incertaine. Certaines sources
indiquent une date autour de 1670, mais Hans von Burg le désigne comme «
troisième fils ».
[3] ou Antoine, selon les sources, né autour de 1675
[4] Une autre source parle d’une fille du nom d’Eléonore, née autour de 1678.
[5] né en 1675
[6] né en 1683, mort en 1752
[7] un bénéfice de chanoine dans une église cathédrale
[8] Jacques retourne finalement en France, se convertit au catholicisme et récupère les biens saisis de sa famille.
[9] Isaac/Antoine semble également être resté en France avec sa
mère. S’étant engagé comme soldat au service du roi d’Angleterre, il
meurt au Piémont pendant la guerre de succession d’Espagne (1701-1714).
Susanne épouse un conseiller du présidial de Montpellier du nom de
Plochus.
[10] Selon Hans von Burg, Jean et ses frères Samuel et Etienne
font en même temps des expériences dans l’élevage du ver à soie à
Lausanne. Jean semble avoir acquis, en 1689, un bâtiment et un terrain
dans les masures du château d’Ouchy à Lausanne. Il a revendu ces droits
en 1693. Samuel et Etienne se lancent plus tard dans la manufacture de
cotonnades imprimées, dites indiennes. Ils érigent une manufacture à
Zofingue (Argovie) peu avant 1713 et sont naturalisés par la suite.
[11] Son fils Jean Jacques embrasse également la carrière de pasteur ; il exerce notamment à Goen, Middelbourg et Leyde.
[12] Jean semble avoir expurgé quelques passages « trop libres » à
son goût, mais, comme le signale son biographe, « Messieurs les
libraires, craignant que cela ne fit du tort au débit du livre, dans un
siècle, où bien des gens recherchent précisément des endroits de ce
caractère, les firent rétablir à l’insu de M. de la Rivière, qui s’en
plaint amèrement dans sa préface. »
Egalement publié sur mon site historico-homilétique (ici).
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