dimanche 8 mai 2016

Le Catéchisme de Saurin (I,2) - le Dieu créateur



Dans la deuxième section de la première partie du Catéchisme de Saurin, on aborde le Dieu créateur :

Demande du catéchiste : Sur quoi vous fondez-vous quand vous dites qu’il y a un Dieu créateur [1] ? 


Réponse du catéchumène : Sur les ouvrages que je vois de mes propres yeux.

D.     De quels ouvrages voulez-vous parler ?

R.     Du ciel, de la terre, de la mer, de tout ce qui y est contenu. Le soleil, la lune, les étoiles, les hommes, les plantes, les animaux, tout me conduit à un Dieu créateur.

D.     Comment cela ?

R.      C’est lorsque j’aperçois ces ouvrages, je découvre un dessein auquel ils sont destinés.

D.     Marquez-moi le dessein que vous prétendez y découvrir.

R.     Mes yeux ont été faits afin que je discernasse les objets ; mes oreilles afin que j’entendisse les sons ; ma langue afin que j’articulasse la parole ; mes dents afin que je broyasse les aliments ; mon estomac afin que je pusse les digérer, et ainsi du reste.

D.    Comment ce dessein vous ramène-t-il à Dieu ?

R.    C’est par cela même que je reconnais un dessein, je dois reconnaître un Esprit qui l’a conçu [2].

D.     Mais ne serait-ce point un hasard aveugle, ou une nature sans intelligence qui aurait formé tout ce que vous rapportez à un Dieu créateur ?

R.     Je ne sais ce que c’est que hasard aveugle, je ne sais ce que c’est que nature sans intelligence, mais je sais bien, et je suis sûr, qu’il y a du dessein dans les ouvrages dont j’ai parlé, et qu’un dessein suppose un esprit qui l’a conçu.

D.    Vous vous êtes engagé à ne rien avancer sans preuve. Ne vous contentez donc pas ici de dire « je sais, je suis sûr qu’il y a un dessein, et un esprit qui l’a conçu » ; marquez-moi sur quoi cette certitude et cette science sont appuyées.

R.      Le voici. Quand je jette les yeux sur une maison, je ne puis m’empêcher de croire qu’elle a été destinée à être habitée, et personne ne l’a jamais contesté. Le dessein de cette maison me conduit d’abord à l’architecte [3] qui l’a construite ; je ne saurais me persuader, et jamais personne ne l’a cru, que ce que vous appelez « hasard aveugle, nature sans intelligence » ait construit cette maison. Quand je jette les yeux sur une ville, j’y vois un plus grand dessein que dans une maison ; j’ai une raison plus forte de reconnaître qu’elle a été bâtie par quelqu’un, et s’il est possible, je suis plus persuadé encore que ce que vous appelez « hasard aveugle, nature sans intelligence » n’a pu bâtir une chose aussi composée que l’est une ville. Si je fais réflexion sur une province, si j’envisage ensuite un royaume, j’y trouve encore de plus grandes marques de dessein, et à mesure que je vois plus de dessein dans des ouvrages, je me sens plus entraîné à reconnaître que des êtres intelligents les ont formés. Mais je vois plus de dessein encore dans le ciel, dans la terre, que dans aucun des ouvrages particuliers qui y sont contenus. J’ai donc plus de raison de croire qu’un être intelligent a créé ces choses que je n’en ai de croire qu’une maison, ou qu’une ville, ne se sont pas formées d’elles-mêmes.

D.     A quoi vous engage l’idée d’un Créateur ?

R.     Elle m’engage particulièrement à deux devoirs.

D.     Quel est le premier devoir ?

R.     C’est la reconnaissance.

D.     Quel est le second devoir ?

R.     C’est la soumission.

D.     Comment l’idée d’un Dieu créateur vous engage-t-elle à la soumission ?

R.     C’est Dieu qui m’a formé. Je suis son ouvrage. Je ne suis point à moi. Je suis à lui. Je lui appartiens plus qu’un enfant n’appartient à ceux qui l’ont mis au monde ; plus qu’un esclave [4] n’appartient à son maître.

D.     A quoi doit vous porter votre soumission envers Dieu ?

R.     A me contenter de l’état où il lui plaît de me mettre ; à ne me plaindre jamais, même lorsqu’il veut que sois affligé ; à l’aimer dans la pauvreté comme dans les richesses, dans la santé comme dans la maladie ; surtout à étudier les lois qu’il m’a données et à les suivre sans réserve.


On peut lire et chanter après cette section le Psaume 100.


[1] C’est-à-dire un Dieu qui a fait les ouvrages qu’on lui attribue.

[2] ou qui l’a formé

[3] C’est ainsi qu’on appelle celui qui bâtit une maison, ou qui enseigne de quelle manière elle doit être bâtie.

[4] On donne ce nom à ces valets et à ces servantes qu’un homme a achetés.



Aussi publié sur notre site consacré à la prédication française (ici).

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