En lisant le livre fort intéressant De vive voix, de Bernard Reymond (§), je suis tombé sur le passage suivant qui m’a un peu surpris mais qui mériterait peut-être d’être pris au sérieux :
… Tout cela, encore une fois, vaut pour la voix en direct, avec un prédicateur physiquement présent (ce qui n’est par exemple pas le cas pour les auditeurs de cultes radiodiffusés). Mais ces diverses remarques sur la sacramentalité de la prédication liée à l’usage de la voix conservent-elles leur valeur ou leur pertinence lorsque le discours du prédicateur parvient aux oreilles des fidèles par l’intermédiaire de haut-parleurs ? L’usage d’installations amplificatrices se répand de plus en plus, même dans des espaces dont les dimensions restreintes les rendent tout à fait superflues. Or la voix transmise par haut-parleur n’a plus les mêmes qualités sonores que la voix entendue sans artifices (†) et, surtout, elle ne provient plus de sa source réelle, d’où une désorientation de l’affectivité spontanée. Il se pourrait bien qu’une partie de la désaffection dont pâtit aujourd’hui la prédication tienne à cet usage souvent immodéré d’artifices acoustiques. Quelques jeunes pasteurs (surtout des femmes) semblent toutefois avoir trouvé un moyen de surmonter cet inconvénient: ils jouent pleinement le jeu de l’amplification en tenant très visiblement en mains le micro, tout comme le font des chanteurs de variété. Du coup, l’attention spontanée s’en trouve partiellement réorientée.
Alors un petit effort, chers collègues prédicateurs, pour s’affranchir des micros ?
§ Bernard Reymond, De vive voix. Oraliture et prédication, Labor et Fides, Genève, 1998, 159 p.
† Je fais abstraction du cas, hélas très fréquent dans les temples et églises, des voix déformées par des amplificateurs mal réglés. C’est souvent parce que les utilisateurs n’ont pas reçu une formation ·suffisante pour opérer de tels réglages. Chaque voix exige une mise au point spécifique du volume et de la tonalité, faute de quoi beaucoup de voix s’en trouvent altérées.
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