vendredi 29 mars 2013

Coquerel sur Jean Monod



Dans son ouvrage « Observations pratiques sur la prédication » (1860), Athanase Coquerel père (1795-1868) nous livre un souvenir intéressant de Jean Monod (p. 24) :

« Il me souvient que peu après mon retour à Paris, au sortir de la Faculté de Montauban, Jean Monod, le vénérable pasteur avec qui ma famille a soutenu les relations les plus intimes jusque devant les fonts de baptême et dont la prédication était à la fois si libérale et si pleine d’onction, me demanda de le venir voir. A peine étais-je assis dans son cabinet, qu’il se leva, prit un volume de Saurin, l’ouvrit à la péroraison du sermon sur l’éternité des peines, et me dit : Lisez-moi cela. Il m’écouta avec attention sans m’interrompre, et m’adressant ensuite des encouragements pleins de bienveillance, il me donna sur les inflexions et les redondances des intonations de cette lecture divers conseils critiques, dont je me suis attaché à tirer parti et qui sont encore, après tant d’années, présents à ma mémoire. »

Plusieurs points nous semblent mériter d’être soulignés:
  • Monod est appelé « le vénérable pasteur ». Il s’agit là d’une constante, qui ressort de plusieurs témoignages : Jean Monod semble avoir été un personnage qui en imposait, et qui suscitait une véritable vénération chez ses ouailles.
  • Un libéral comme Coquerel père qualifie la prédication de Monod de « libérale et … pleine d’onction ».
  • A l’époque de Jean Monod et de ses fils, Jacques Saurin (1677-1730) était considéré comme le grand maître de la prédication protestante. Nous savons par ailleurs qu’Adolphe voyageait avec une collection de sermons de ce grand prédicateur.
  • En faisant lire une prédication sur les peines éternelles, Monod s’attarde surtout sur la lecture et les intonations. Les hommes des Lumières ne prenaient pas cette doctrine très au sérieux, contrairement aux hommes du Réveil. 
Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

Coquerel on Jean Monod



In his book Observations pratiques sur la prédication (Practical observations on preaching, 1860, p. 24) Athanase Coquerel the Elder (1795-1868) tells us about an encounter with Jean Monod (p. 24):

*** My translation from the French ***

“I remember that shortly after my return to Paris, following my graduation from the Montauban faculty, Jean Monod, the venerable pastor with whom my family has had the most intimate relationship, right until the baptismal fonts, and whose preaching was both so liberal and so full of unction, asked to see me. I had just sat down in his study when he rose, took one of Saurin’s volumes, opened it towards the end of the sermon on eternal punishment and said: “Please read this to me.” He listened very carefully, without ever interrupting me, and then encouraged me in a very well-meaning manner, and offered me some critical advice on the inflections and redundancies of the intonation of this passage, which I have tried to make use of and which is still present to my mind after so many years.”

Several aspects seem noteworthy:
  • Monod is referred to as “venerable pastor”. This is something that we can see in most witness testimonies: Jean Monod appears to have been a quite impressive person and the object of genuine veneration on behalf of his parishioners.
  • A liberal such as Coquerel qualifies Monod’s preaching as “so liberal and so full of unction”.
  • In Jean Monod’s (and his sons’) time Jacques Saurin (1677-1730) was considered to be the prince of the protestant preachers. Incidentally, we know that Adolphe Monod had a collection of Saurin’s sermons in his baggage when travelling.
  • Monod has a sermon on eternal punishment read out to him and then insists on the best intonation. The men of the Enlightenment did not take this doctrine quite seriously, unlike their successors of the Awakening movement.
Also published on my Adolphe Monod website (here).

Coquerel über Jean Monod



In seinem Buch Observations pratiques sur la prédication (Praktische Beobachtungen zur Predigt, 1860, Seite 24) erzählt uns Athanase Coquerel der Ältere (1795-1868) eine Begegnung mit Jean Monod:

*** Übersetzung aus dem Französischen ***

„Ich erinnere mich daran, daß mich Jean Monod, der ehrwürdige Pastor, mit dem meine Familie eine sehr innige Beziehung gehabt hat, bis hin zum Taufbecken, und dessen Predigt zugleich so liberal und so salbungsvoll war, mich bat, ihn zu treffen. Es war kurz nach meiner Rückkehr nach Paris, nach meinem Abschluß an der Fakultät von Montauban. Kaum saß ich in seinem Büro, stand er auf, nahm einen Band von Saurin, öffnete ihn beim Schlußwort der Predigt zum ewigen Feuer und sagte zu mir: „Lesen Sie mir das vor!“ Er hörte mir sehr aufmerksam zu, ohne mich zu unterbrechen, und ermutigte mich dann auf eine sehr wohlwollende Art und Weise. Er gab mir so manchen kritischen Rat in Bezug auf den Tonfall und die Redundanz der Sprachmelodie dieses Textes. Ich habe versucht, daraus Nutzen zu ziehen und kann mich heute, so viele Jahre später, noch daran erinnern.“

Mehrere Aspekte scheinen mir hier bemerkenswert:
  • Coquerel nennt Monod den „ehrwürdigen Pastor“. Es handelt sich hier um etwas, das aus mehreren Zeugnissen hervorgeht: Monod scheint ein beeindruckender Mensch gewesen zu sein und das Objekt einer regelrechten Verehrung seitens seiner Gemeindemitglieder.
  • Ein Liberaler vom Schlag eines Coquerel bezeichnet die Predigt Monods als „so liberal und so salbungsvoll“.
  • Zur Zeit Monods und seiner Söhne galt Jacques Saurin (1677-1730) als der große Meister der protestantischen Predigt. Wir wissen übrigens, daß Adolphe Monod eine Sammlung der Predigten dieses großen Predigers im Reisegepäck mitführte.
  • Monod läßt sich eine Predigt über das ewige Höllenfeuer vorlesen und verwendet den Text dazu, um auf gewisse Feinheiten der rechten Sprachmelodie hinzuweisen. Die Männer der Aufklärung hatten keinen allzugroßen Respekt vor dieser Lehre, ganz im Gegenteil zu ihren Nachfolgern der Erweckungsbewegung. 
Auch auf meiner Adolphe Monod Website veröffentlicht (hier).

lundi 18 mars 2013

Jean Monod - Impressions d’une jeune auditrice


Portrait d’une jeune femme (vers 1810)

Charles Adrien Bost (1871-1943) a publié, dans le Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme, le témoignage suivant de son arrière-grand-mère maternelle, Julie Devillas (1791-1869). Il s’agit d’un extrait d’une lettre de 1810 qu’elle avait envoyée à sa mère, Louise Tessier (1754-1821), et d’une note de journal. Ces deux documents sont intéressants, notamment dans la mesure où ils évoquent la réputation dont jouit Jean Monod, mais également une faiblesse perçue de son débit oratoire.

Dans sa lettre, la jeune fille de 19 ans s’excuse auprès de sa mère d’être en retard dans sa correspondance, puis elle évoque la prédication de Jean Monod, donnée le 13 mai :
« Je me flatte que tu voudras bien me pardonner en faveur de la sagesse du motif. Je te dirai donc que dimanche matin je fus avec ma tante au Sermon, entendre M. Monnot (sic), le meilleur ministre de Paris. Je fus très contente de son discours qui était très beau, et je me suis mis en tête de t’apporter un échantillon de la prédication de ce pays. … »
Malheureusement, le résumé n’a pas été conservé. Dans le carnet de ses notes, en juin, Mlle Devillas parle encore de Jean Monod :
« Saint-Thomas du Louvre (Saint-Louis) a été cédé aux protestants réformés pour l’exercice de leur culte. Cette Eglise est petite et son arrangement intérieur ne me satisfait pas. Ce mélange des deux sexes dans un lieu destiné uniquement à écouter la parole du Seigneur me paraît au moins inutile, et tout à fait contraire à l’esprit de recueillement dont chacun des assistants doit être pénétré, car lequel d’entre nous peut se flatter de n’éprouver jamais par sa propre expérience combien l’esprit est prompt … J’ai entendu là M. Meonnod (sic), le premier pasteur des protestants de Paris. Il m’a fait grand plaisir par la sage exposition de ses discours et la morale pure qui en découle. C’est grand dommage que son débit ne vienne pas appuyer le bon effet que produisent ses paroles. »
Source : Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, avril-juin 1936, p. 143

Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

Jean Monod - Impressions of a young listener


Portrait of a young lady (about 1810)

Charles Adrien Bost (1871-1943) has published two little documents written by his maternal great-grandmother, Julie Devillas (1791-1869) in the Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme: a passage taken from a letter she had written to her mother, Louise Tessier (1754-1821), in 1810, and a notepad entry. These documents are interesting because they tell us something about Jean Monod’s reputation as a minister and indicate a possible weakness of his way of delivering sermons.

In her letter, the young lady (she is 19 years old) apologizes to her mother for being late in answering her letter. She then mentions a sermon given by Jean Monod on May 13:
“I would like to think that you will forgive me because the reason [for my belatedness] is quite commendable. Let me tell you that I attended the Sunday service to hear Mr. Monnot (sic), the greatest of the ministers in Paris. I was very happy to listen to his discourse, which was very beautiful, and I have decided to offer you a sample of what is being preached in this country. …”
Unfortunately, this summary has not been preserved. In her notepad of June, Miss Devillas mentions Jean Monod once more:
“Saint-Thomas-du-Louvre (Saint-Louis) has been given to the Reformed protestants so that they could celebrate their offices there. It is a small church, and I do not find its interior satisfactory. I consider the fact that the two sexes are mixed in one place the only purpose of which is to listen to the Word of God to be at least useless, and quite contrary to the spirit of meditation that should pervade each of the church attendees. Indeed, who of us has never made the experience how quickly the mind … I have heard Mr. Meonnod (sic), the foremost of the protestants pastors in Paris. I was very pleased by the wise exposition of his discourses and the pure moral that flows from them. It is quite a pity that his delivery does not support the beneficial effect produced by his words.”
Source: Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, April-June 1936, p. 143

Also published on my Adolphe Monod website (here).

Jean Monod - Eindrücke einer jungen Zuhörerin


Bildnis einer jugen Frau (um 1810)

Charles Adrien Bost (1871-1943) hat im Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme einen Augenzeugenbericht seiner Urgroßmutter mütterlicherseits, Julie Devillas (1791-1869) veröffentlicht. En handelt sich um einen Auszug eines Briefs aus dem Jahr 1810, den sie ihrer Mutter, Louise Tessier (1754-1821), geschrieben hat, und um eine Notiz aus ihrem Tagebuch. Die beiden Dokumente sind interessant, da sie Jean Monods Ruf als Pastor und eine mögliche Schwäche seines Redeflusses erwähnen.

In ihrem Brief entschuldigt sich die junge Frau (sie ist 19 Jahre alt) bei ihrer Mutter für die späte Antwort und erwähnt dann die Predigt, die Jean Monod am 13. Mai gehalten hat:
„Mir scheint, Du wirst mir angesichts der Löblichkeit der Ursache [meiner Verspätung] verzeihen. Ich war Sonntag morgen mit meiner Tante in der Kirche, um Herrn Monnot (sic), dem vortrefflichsten Pastor von Paris, zuzuhören. Ich war von seiner Rede sehr angetan, sie war sehr schön, und ich habe mir vorgenommen, dir eine Kostprobe der Predigt dieses Landes zukommen zu lassen. ...“
Leider ist die Zusammenfassung verloren gegangen. In ihrem Notizbuch vom Juni erwähnt Fräulein Devillas nochmals Jean Monod:
„Saint-Thomas-du-Louvre (Saint-Louis) wurde den Reformierten für ihre Gottesdienste zur Verfügung gestellt. Diese Kirche ist sehr klein, und ihr Inneres mißfällt mir. Die Tatsache, daß Männer und Frauen vermischt sind, in einem Ort, der ausschließlich dazu bestimmt ist, das Wort des Herrn zu hören, scheint mir zumindest unnötig, und ganz und gar im Widerspruch zum Geist der Andacht, die jeden Teilnehmer erfüllen sollte; denn wer von uns kann schon sagen, daß er nie verspürt hat, wie schnell der Geist ... Hier habe ich Herrn Meonnod (sic), den bedeutendsten unter den Pastoren der Pariser Protestanten, sprechen gehört. Ich habe seine weisen Darlegungen und die reine Moral, die sie vermitteln, sehr genossen. Es ist nur schade, daß sein Redefluß die gute Wirkung, die seine Worte ausüben, nicht stützt.“
Quelle: Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, April-Juni 1936, p. 143

Auch auf meiner Adolphe Monod Website veröffentlicht (hier).

mardi 12 mars 2013

Adolphe Monod – ses autres œuvres



En dehors de ses sermons et discours sur des sujets bibliques, Adolphe Monod a laissé un nombre non négligeable d’écrits de toutes sortes :

Commentaires bibliques

Explication de l’épître aux Ephésiens, publié en 1867

Courte explication des trois premiers chapitres de Saint Jacques et du premier chapitre de l’épître aux Romains, publiée dans la Feuille religieuse du canton de Vaud (1834-1841)

Cours académiques

Cours de morale chrétienne, autographié (1837)

Catéchisme

Catéchisme historique et biblique (1839)

Apologétique

Lucile ou la lecture de la Bible (1841)

Edification

Les adieux d’Adolphe Monod à ses amis et à l’Eglise (publiés en 1856)

Traités

Jésus notre force (1843)

Le dimanche

Ecrits de circonstance

La destitution d’Adolphe Monod (1831)

Appel aux chrétiens de France et de l’étranger en faveur de l’Eglise évangélique de Lyon (1833)

Récit des conférences qui ont eu lieu en 1834 entre quelques catholiques romains et Adolphe Monod (1835)

Pourquoi je demeure dans l’Eglise établie (1849)

Discours

Discours d’installation à la faculté de Montauban (1836)

Discours sur le débit oratoire (1840)

Discours sur la science et sur la piété (1841)

Poésie

Jésus-Christ ressuscitant les morts (1855)

Cantiques

Que ne puis-je, ô mon Dieu ...

dimanche 10 mars 2013

Jean Monod (1765-1836)



Jean Monod naît le 5 septembre 1765, à Ambilly, un petit village à mi-chemin entre Annemasse (Haute-Savoie) et Genève. Il est le fils aîné de Gaspard Joël Monod (1717-1782), ancien pasteur et chapelain du gouverneur anglais de la Guadeloupe, qui s’est retiré à Genève comme traducteur et homme de lettres, et de Suzanne Madeleine Puerari (1739-1799), qu’il a épousée en 1763. L’attachement de Jean à la ville de Genève, qu’il considère comme sa patrie, est sans faille pendant toute sa vie.

Jean est d’abord formé par son père (il dira que « sa première éducation, soignée par son père, fut plus rapide que celle du collège »). Il entre en Première en 1776, en Belles-Lettres en 1777, en Philosophie en 1780, puis décide de suivre l’exemple de son père, en embrassant la carrière pastorale. Il entre à la faculté de théologie de Genève en 1782, année de la mort de son père, et réussit brillamment ses études. En 1785, il soutient sa thèse sur Le don des langues ; en 1786 il prêche son sermon d’épreuve devant la Vénérable Compagnie des pasteurs, sur 1 Co 4.5. Il est consacré pasteur le 12 mars 1787.

En 1790, le czar russe Alexandre Ier nomme une cousine de Jean gouvernante d’une de ses filles. Jean est chargé de l’accompagner à Saint Pétersbourg. A son retour, il décide de visiter Stockholm et Copenhague avant de rentrer à Genève. Arrivé dans la capitale danoise, il rend visite à Ferdinand Louis Mourier (1754-1831), son ancien condisciple à Genève et maintenant pasteur de l’Eglise réformée. A cette occasion, grâce au célèbre « incident du parapluie », il est présenté à la famille de Frédéric de Coninck, un richissime homme d’affaires d’origine huguenote. Julien-Pierre Monod raconte : 
« Au cours d’une promenade dans Copenhague, Mourier et son ami sont surpris par une averse. Ils se trouvent devant la porte de la belle demeure de Frédéric de Coninck, négociant et conseiller d’Etat, l’un des principaux paroissiens de Mourier. Celui-ci monte pour emprunter un parapluie ; on veut le retenir ; il allègue la présence de son ami en bas ; « Faites-le monter », lui dit-on. C’est ainsi que Jean Monod est présenté à la famille de Coninck, présentation qui devait avoir pour lui des conséquences si importantes. »
En effet, Jean se lie d’amour avec la fille de Frédéric, Louise Philippine de Coninck (1775-1851), alors âgée de seize ans.

Après un séjour de plusieurs mois à Copenhague, Monod se rend à Berlin en 1791, puis il rentre en Suisse. Il revient à Copenhague en 1792, et y épouse Louise le 18 janvier 1793. Il a vingt-sept ans, sa femme en a dix-sept.

Le jeune couple part pour la Suisse. Leur premier enfant, Frédéric naît à Monnaz près de Morges en 1794. La même année, Jean est rappelé à Copenhague pour remplacer un des pasteurs de l’Eglise réformée française. Il desservira cette Eglise pendant quatorze ans. Pendant ce temps, sept enfants naissent au couple : Henri (1795), Adèle (1796), Edouard (1798), Guillaume (1800), Adolphe (1802), Gustave (1803) et Valdemar (1807).

En 1798, Jean Monod fait un voyage à Londres et à Paris. Il est invité à prêcher à l’Eglise réformée de Paris où il fait bonne impression.

En 1799, il perd sa mère, qui l’avait suivi à Copenhague, ainsi que sa sœur.

En 1807, le gouvernement anglais, sous prétexte que Napoléon et Alexandre Ier projettent une descente en Angleterre et veulent se servir à cet effet de la flotte danoise, somme le Danemark de lui livrer celle-ci. Le gouvernement danois refuse d’abord, mais, suite à des bombardements, il finit par céder et livre sa flotte. Par conséquent, le commerce danois est en grande partie arrêté et les affaires de la maison de Coninck sont fortement ébranlées.

L’Église réformée de Paris possède alors trois pasteurs, tous nommés par le Premier Consul : Jacques Antoine Rabaut dit Rabaut-Pommier (1744-1820), Paul-Henri Marron (1754-1832) et Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807). Peu après la mort prématurée de ce dernier, le Consistoire invite Jean Monod, en 1808, à lui succéder. Vu l’état de la maison de Coninck, celui-ci accepte cet appel ; la famille arrive à Paris le 1er décembre. Jean Monod est installé le 26 décembre par Rabaut-Pommier et prêche pour la première fois le 8 janvier 1809. Il est présenté à l’Empereur le 24 janvier, lors de son retour d’Espagne.

Cinq enfants lui naîtront à Paris : Marie (1809), Edmond (1811, mort la même année), Horace (1814), Elisa (1815) et Betsy (1818).

En 1811, il perd son beau-père, « l’un des meilleurs hommes et des plus aimables qui aient existé » selon lui.

En 1814, il « voit avec la plus vivre joie la chute de Bonaparte et le retour des légitimes souverains de la France, et avec eux la paix universelle ».

En 1817, l’Université de Copenhague lui confère le titre de docteur de théologie honoris causa.

En 1818, il assiste à Genève à la consécration de son fils Frédéric. Il l’installe en la qualité de pasteur adjoint de l’Eglise de Paris en 1820.

Jean Monod est un pasteur respecté de tous ; il reçoit la Croix de la Légion d’honneur en 1820.

Les dernières années de sa vie sont marquées par des soucis et tensions avec ceux de ses fils qui ont choisi la carrière pastorale.

Jean est un spectateur impuissant de la grande crise spirituelle de son fils Adolphe qui dure de 1824 à 1827. Quand celui-ci se convertit aux idées du Réveil, son père, adepte de la religiosité des Lumières, a du mal à comprendre. Julien-Pierre Monod, un petit-fils d’Adolphe, parle à cet égard d’un « fossé d’incompréhensions que la différence de génération ne suffit pas à expliquer ».

Des tensions entre Frédéric Monod – lui aussi un adepte du Réveil ; il quittera l’Eglise réformée en 1848 – et son père se manifestent lorsque Charles-Frédéric Grawitz (1804-1852), après des études de théologie à Montauban, souhaite être consacré au Temple de l’Oratoire à Paris. Sa requête est agréée en 1827. Frédéric Monod et son collège pasteur Henri François Juillerat-Chasseur (1781-1867) déclarent que « leur conscience ne leur permet pas de prendre part à cette consécration ». Ils adressent une lettre ouverte aux pasteurs de France et de Genève où ils accusent Grawitz de « professer des doctrines fondamentales erronées en opposition avec l’Ecriture sainte ». Le conflit est une expérience pénible pour Jean Monod, qui s’est prononcé en faveur de la consécration de Grawitz. Il écrit à Adolphe :
« Tu auras reçu la missive adressée à tous les pasteurs de France et de Genève, signée Monod fils, où il est bien prouvé que Monod père mène les âmes à la perdition. Je te dis cela non point en forme de plainte. Il y a onze ou douze ans lorsqu’on me disoit que Malan prononçoit la damnation de son père, je me recriois sur cette monstrueuse extravagance, et j’étois loin de croire qu’elle pût jamais se renouveler près de moi. Aujourd’hui je reçois cela, non sans un très grand chagrin et sans y voir un fâcheux présage pour nos Eglises, mais je le reçois comme une épreuve que la Providence réserve à ma vieillesse, et j’y trouve deux sujets de satisfaction : l’un, c’est de pouvoir me dire avec vérité et devant Dieu que je ne sens pas dans mon cœur la plus légère amertume, l’autre c’est de me fortifier de plus en plus dans mes croyances et de me féliciter de ne pas appartenir à celles qui se font les arbitres du salut et de la damnation des hommes. Comme la vie ainsi que la doctrine des méthodistes – NB : il s’agit là d’un sobriquet donné aux adeptes du Réveil – ne sont qu’un composé de contradictions (fort heureusement) je n’ai aucun doute que mes fils ne soient pour moi jusqu’à ma fin ce qu’ils ont toujours été, les meilleurs des fils. »
Guillaume Monod quant à lui chagrine son père notamment avec son attachement à la doctrine de la prédestination. Guillaume reçoit un premier poste comme pasteur à Saint-Quentin (Picardie) en 1828. Il manifeste dans l’exercice de son activité une certaine exaltation, ce qui finit par créer des tensions et annonce des dérèglements plus graves.

Les mésaventures d’Adolphe Monod dans l’Eglise réformée de Lyon dès 1829 sont également une grande source de chagrin pour son père, qui désapprouve la rigidité doctrinale de son fils.

L’année 1832 est particulièrement riche en événements :

Le 19 mars, Adolphe est destitué de son ministère à Lyon par ordonnance royale. Jean désapprouve vivement le fait que son fils s’investisse dans l’Eglise réformée évangélique de Lyon.

Le 5 mai, Guillaume doit être interné en maison de santé, après s’être présenté aux Tuileries un soir en prétendant devoir transmettre au roi Louis-Philippe un avertissement divin. Après un séjour de six mois à l’asile d’aliénés à Vanves, il est placé à Fishponds, près de Bristol, en Angleterre, où il reste enfermé quatre ans, jusqu’après la mort de Jean. Il en attribue la responsabilité principale à son père.

Le président du Consistoire de l’Eglise réformée de Paris, Paul-Henri Marron, meurt de la choléra le 31 juillet, et Jean Monod est nommé à ce poste. Frédéric devient pasteur titulaire.

En 1835, il entreprend un dernier voyage à Genève, à l’occasion du Jubilé de la Réforme. Pendant l’hiver 1835-1836, sa santé décline assez rapidement.

Jean Monod aura été pasteur de l’Eglise réformée de Paris jusqu’à sa mort le 23 avril 1836, à l’âge de 70 ans, des suites d’une maladie du cœur. Une foule d’environ 3000 personnes, comprenant pas moins de 57 pasteurs, assiste à ses funérailles au cimetière du Père-Lachaise.

Jean Monod n’a permis la publication que d’un seul sermon, donné à l’occasion de la paix de 1814, mais la famille a conservé une collection de 51 sermons en six volumes dont elle a fait don à la Vénérable Compagnie de Genève. La publication d’un choix de sermons a été envisagé par sa veuve et par ses quatre fils pasteurs (Frédéric, Adolphe, Guillaume et Horace) mais l’idée a finalement été abandonnée.

Jean Monod laisse aussi une traduction des lettres du théologien allemand Franz Volkmar Reinhard (1753-1812), sur ses études et sa carrière comme prédicateur. Il a également fourni une quinzaine d’articles à la Biographie Universelle de Louis-Gabriel Michaud, dont un sur son père.

Sources principales :
  • Gustave Monod, La famille Monod, 1890
  • Julien-P. Monod, Jean Monod (1765-1836), Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, 1936, p. 117-142
Aussi publié sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).

Jean Monod (1765-1836)



Jean Monod was born on September 5, 1765, in Ambilly, a small village half-way between Annemasse (Haute-Savoie) and Geneva. He was the eldest son of Gaspard Joël Monod (1717-1782), a former pastor and chaplain of the British governor of Guadeloupe, who had retired to Geneva as a translator and man of letters, and his wife Suzanne Madeleine Puerari (1739-1799), whom he had married in 1763. All his life, Jean was committed to Geneva, which he considered to be his home.

Jean received his first school training by his father (he later said that his “first education, of which his father took care, was faster than the one you got in school”). He entered the Première in 1776, and began his literature classes in 1777 and philosophy in 1780. He then decided to follow the example of his father by becoming a minister. He began his theological studies at the University of Geneva in 1782, which was also the year in which his father died. He proved to be a brilliant student. In 1785 he defended his thesis on The gift of tongues; in 1786 he passed the sermon exam before the Vénérable Compagnie des pasteurs with a sermon on 1 Corinthians 4.5. He was ordained pastor on March 12, 1787.

In 1790, the Russian tsar Alexander I appointed one of Jean’s cousins governess of one of his daughters. Jean accompanied her to St. Petersburg. On his trip home, he decided to visit Stockholm and Copenhagen before returning to Geneva. He visited his former fellow student Ferdinand Louis Mourier (1754-1831), who had then become pastor of the local Reformed Church. When doing so, thanks to the “umbrella incident”, he was presented to the family of Frédéric de Coninck, a wealthy businessman of Huguenot origin. Julien-Pierre Monod tells the story: 
“During a walk in Copenhagen, a rain shower surprises Mourier and his friend . They are before the entrance of the beautiful residence of Frédéric de Coninck, businessman and state councillor, one of the foremost parishioners of Mourier’s church. Mourier goes up in order to borrow an umbrella; the family asks him to stay; he mentions the friend who is at the entrance; “Ask him to come in”, he is told. Thus Jean Monod is presented to the de Coninck family, and this presentation will have very important consequences for him.”
Indeed, Jean fell in love with Frédéric’s daughter, Louise-Philippine de Coninck (1775-1851) who was then sixteen years old.

Having spent several months in Copenhagen, Monod finally travelled to Berlin in 1791 and then returned to Switzerland. He came back to Copenhagen in 1792 and married Louise on January 18, 1793. He was twenty-even, and his young wife seventeen years old.

The young couple then left for Switzerland. Their first son, Frédéric, was born in Monnaz, not far from Morges, in 1794. In the very same year, Jean was invited to return to Copenhagen to replace one of the pastors of the French Reformed Church. He was a minister in this church for 14 years. During this period, seven children were born: Henri (1795), Adèle (1796), Edouard (1798), Guillaume (1800), Adolphe (1802), Gustave (1803) and Valdemar (1807).

Jean Monod made a trip to London and Paris in 1798. He was invited to preach in the Reformed Church of Paris and made a good impression.

In 1799 he lost both his mother, who had followed her son to Copenhagen, and his sister.

In 1807, the British government pretended that Napoleon and Alexander I had a plan to attack England by means of the Danish fleet; it summoned Denmark to hand over its ships. The Danish government first refused, but it gave in after intense bombings. This had the effect that Danish commerce came to a standstill. The business of de Coninck’s establishment was greatly shaken.

At that time, the Reformed Church of Paris had three pastors, all of whom had been appointed by Napoleon: Jacques Antoine Rabaut, also known as Rabaut-Pommier (1744-1820), Paul-Henri Marron (1754-1832) and Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807). Shortly after Mestrezat’s unexpected death in 1807, the Council invited Jean Monod in 1808 to become his successor. In view of the misfortune of de Coninck’s establishment, Monod accepted this call. His family arrived in Paris on December 1, 1808. Jean was installed on December 26 by Rabaut-Pommier and gave his first sermon on January 8, 1809. He was presented to the Emperor on January 24, after the latter’s return from Spain.

Five more children were born in Paris: Marie (1809), Edmond (1811, who died the same year), Horace (1814), Elisa (1815) and Betsy (1818).

In 1811, his father-in-law died. According to Jean, Frédéric de Coninck was “one of the best and most lovable men who ever existed”.

In 1814, “it is with the greatest joy that he [saw] the fall of Bonaparte and the return of the legitimate rulers of France, as well as the return of universal peace.”

The University of Copenhagen offered him the title DD honoris causa in 1817.

In 1818 he assisted the ordination of his son Frédéric in Geneva. He installed him as a deputy pastor of the church in Paris in 1820.

At that time, Jean Monod was a highly respected pastor; in 1820 he was awarded the Cross of the Legion of Honour.

The last years of his life were overshadowed by sorrows and tensions with those of his sons who had chosen a pastoral career.

Jean was a helpless observer of Adolphe’s great crisis from 1824 to 1827. When Adolphe adopted the ideas of the Awakening movement, his father, who was a representative of the religiosity of the Enlightenment, found it hard to understand. Julien-Pierre Monod, one of Adolphe’s grand-sons invokes a “gulf of misunderstanding that cannot be explained by the generation gap alone”.

Tensions between Frédéric Monod – who also was a follower of the Awakening movement; he even left the Reformed Church in 1848 – and his father appeared when Charles-Frédéric Grawitz (1804-1852), who had studied theology in Montauban, wanted to be ordained in the Temple de l’Oratoire in Paris. His request was granted in 1827. Frédéric Monod and his colleague Henri François Juillerat-Chasseur (1781-1867) declared that “their conscience did not allow them to assist in this ordination”. They sent an open letter to all pastors of France and Geneva in which they accused Grawitz to “profess wrong fundamental doctrines that contradict Holy Scripture”. This was a very painful experience for Jean Monod, who had approved of the ordination of Grawitz. He wrote to Adolphe:
“You have received the letter sent to all pastors of France and Geneva, signed by Monod the Younger, wherein it is established that Monod the Elder leads souls to perdition. I am telling you this without complaining. Eleven or twelve years ago, when I was told that Malan had pronounced the damnation of his father, I have vigorously protested against this monstrous extravagance, and I would not have believed that it could happen again, close to me. Today I receive this with great sadness, and I believe it is a sad omen for our churches, but I accept it as a testing that Providence has kept in reserve for my old age, and I find it to contain two reasons to be satisfied: the first is that I can truly say before God that I do not feel the slightest bitterness in my heart; the second is that it strengthens my beliefs and makes me happy that I do not hold those who declare themselves judges over the salvation and damnation of other men. As the life and the teachings of the Methodists – NB: this was the common moniker for the followers of the Awakening movement – (very fortunately) are but a composite of contradictions, I have no doubt that my sons will be to me until my end what they have always been – the best of sons.”
As to Guillaume Monod, he displeased his father by adopting the doctrine of predestination. Guillaume was appointed pastor of the Reformed church in Saint-Quentin (Picardy) in 1828. He appears to have been somewhat exalted in the exercise of his ministry, which created tensions, and announced more serious trouble to come.

The problems Adolphe faced as pastor of the Reformed Church of Lyon from 1829 on also were a source of deep sorrow for his father, who disapproved of Adolphe’s hard doctrinal stance.

The year 1832 was particularly eventful:

On March 19, Adolphe was deposed as a minister of the Reformed Church of Lyon, by royal ordinance. His father greatly disapproved of his son’s subsequent activities in the evangelical reformed church of Lyon.

On May 5, Guillaume was committed to a psychiatric facility after he had presented himself at the Tuileries Palace in order to transmit a divine warning to the king Louis-Philippe. After a six-month stay in the lunatic asylum in Vanves, he was transferred to the asylum in Fishponds near Bristol (England) where he was locked up for four years, until after the death of Jean Monod, whom he held responsible for this situation.

When the president of the Council of the Reformed Church of Paris, Paul-Henri Marron, died from the cholera on July 31, Jean Monod was appointed as his successor. Frédéric became a pastor in title.

In 1835, he made a last trip to Geneva for the celebration of the Reformation Jubilee. His health rapidly declined during the winter.

Jean Monod was pastor of the reformed Church of Paris until his death on April 23, 1836, at the age of 70, as a result of a heart disease. A huge crowd of about 3000 persons, comprising 57 pastors, attended the funeral at the Père-Lachaise cemetery in Paris.

During his lifetime, Jean Monod had allowed the publication of only one single sermon, celebrating the peace of 1814, but his family has kept a collection of 51 sermons in six volumes, which it has given to the Vénérable Compagnie in Geneva. The publication of a selection of sermons had been envisaged by his widow and his four sons who had become pastors (Frédéric, Adolphe, Guillaume and Horace) but the idea has finally been abandoned.

Jean Monod has also left a translation of the letters of the German theologian Franz Volkmar Reinhard (1753-1812), on his studies and his career as a preacher. He has also contributed about fifteen articles to Louis-Gabriel Michaud’s Biographie Universelle, one of which dealt with his father.


Main sources:
  • Gustave Monod, La famille Monod, 1890
  • Julien-P. Monod, Jean Monod (1765-1836), Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, 1936, p. 117-142
Also published on my Adolphe Monod website (here).

Jean Monod (1765-1836)



Jean Monod wurde am 5. September 1765 in Ambilly, einem kleinen Dorf auf halbem Weg zwischen Annemasse (Haute-Savoie) und Genf, geboren. Er war der älteste Sohn von Gaspard Joël Monod (1717-1782), einem früheren Pastor und Kaplan des britischen Gouverneurs der Guadeloupe, der sich nach Genf zurückgezogen hatte und dort als Übersetzer und Literat lebte, und seiner Frau Suzanne Madeleine Puerari (1739-1799), die er 1763 geheiratet hatte. Jean war zeitlebens der Stadt Genf sehr verbunden und betrachtete sie als seine Heimat.

Jean hatte zuerst seinen Vater zum Lehrer (er erzählt, daß „seine erste Ausbildung, um die sich sein Vater kümmerte, schneller war als die der Schule“). 1776 begann er die Premiere, 1777 die Literatur, 1780 die Philosophie. Er beschloß, in die Fußstapfen seines Vaters zu treten und Pastor zu werden. Im Jahr 1782, das auch das Todesjahr seines Vaters war, begann er sein Theologiestudium in Genf. Er war darin sehr erfolgreich. 1785 verteidigte er seine Arbeit, die der Zungenrede gewidmet war; 1786 predigte er seine Prüfungspredigt vor der Vénérable Compagnie des pasteurs (über 1 Korinther 4.5) und am 12. März wurde er schließlich zum Pastor geweiht.

Im Jahr 1790 ernannte der russische Zar Alexander I eine von Jeans Cousinen zur Gouvernante einer seiner Töchter. Jean wurde damit beauftragt, sie nach St. Petersburg zu begleiten. Auf der Heimreise, beschloß er, Stockholm und Kopenhagen zu besichtigen. In der dänischen Hauptstadt besuchte er seinen Studienkollegen Ferdinand Louis Mourier (1754-1831), der mittlerweile Pastor der dortigen französischsprachigen reformierten Kirche geworden war. Bei dieser Gelegenheit wurde er, dank des berüchtigten “Regenschirm-Vorfalls”, der Familie von Frédéric de Coninck, eines steinreichen Unternehmers von hugenottischer Herkunft, vorgestellt. Julien-Pierre Monod erzählt:
„Während eines Spaziergangs in Kopenhagen überrascht ein Regenschauer Mourier und seinen Freund. Sie befinden sich vor dem Eingang des schönen Gebäudes von Frédéric de Coninck, Handelsmann und Staatsrat, eines der bedeutendsten Gemeindemitglieder von Mourier. Dieser steigt hinauf, um sich einen Regenschirm auszuleihen; man hält ihn zurück; er erwähnt den Freund, der unten geblieben ist; „Bringen Sie ihn herauf“, sagt man ihm. Und so wird Jean Monod der Familie de Coninck vorgestellt, eine Vorstellung, die so wichtige Folgen für ihn mit sich brachte.“
In der Tat verliebten sich Jean und die Tochter des Hauses, Louise Philippine de Coninck (1775-1851), die damals gerade sechzehn Jahre alt war.

Nach einem Aufenthalt von mehreren Monaten in Kopenhagen, reiste Monod 1791 nach Berlin weiter und kehrte dann nach Genf zurück. 1792 kam er wieder nach Kopenhagen zurück und heiratete dort Louise am 18. Jänner 1793. Er war damals 27, und seine junge Frau 17 Jahre alt.

Das junge Paar übersiedelte dann in die Schweiz. Das erste Kind, Frédéric, kam 1794 in Monnaz, nicht weit von Morges, zur Welt. In diesem Jahr wurde Jean nach Kopenhagen zurückgerufen, um einen der Pastoren der französischen Reformierten Kirche zu ersetzen. Er diente dieser Kirche über eine Zeit von 14 Jahren. Während dieser Zeit kamen sieben weitere Kinder zur Welt: Henri (1795), Adèle (1796), Edouard (1798), Guillaume (1800), Adolphe (1802), Gustave (1803) und Valdemar (1807).

1798 machte Jean Monod eine Reise nach London und Paris. Er hielt eine Predigt in der Reformierten Kirche von Paris und hinterließ dort einen guten Eindruck.

1799 starben seine Mutter, die ihm nach Kopenhagen gefolgt war, und seine Schwester.

Im Jahr 1807 ergriff die britische Regierung den Vorwand, daß Napoleon und Alexander I einen Angriff auf England vorbereiteten und die dänische Flotte in diesem Sinne verwenden wollten, und forderte Dänemark auf, ihr seine Flotte zu übergeben. Die dänische Regierung weigerte sich zunächst, aber nach heftigen Bombardierungen gab Dänemark auf und lieferte seine Flotte aus. Der dänische Handel erlag und das Handelshaus de Coninck war zutiefst getroffen.

Zu dieser Zeit besaß die reformierte Kirche drei Pastoren, die alle vom Ersten Konsul ernannt worden waren: Jacques Antoine Rabaut (1744-1820), meist Rabaut-Pommier genannt, Paul-Henri Marron (1754-1832) und Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807). Kurze Zeit nach dem überraschenden Tod des letzteren lud der Kirchenrat Jean Monod im Jahr 1808 ein, seine Nachfolge anzutreten. Angesichts des miserablen Zustands des Handelshauses von Frédéric de Coninck nahm Jean diesen Ruf an. Die Familie traf am 1. Dezember in Paris ein. Monod wurde am 26. Dezember von Rabaut-Pommier eingesetzt und predigte zum ersten Mal am 8. Jänner 1809. Am 24. Jänner wurde er dem Kaiser vorgestellt, als dieser aus Spanien zurückkam.

Fünf weitere Kinder wurden in Paris geboren: Marie (1809), Edmond (1811, im selben Jahr verstorben), Horace (1814), Elisa (1815) und Betsy (1818).

Im Jahr 1811 verlor Jean seinen Schwiegervater, seiner Meinung nach „einer der besten und der liebenswürdigsten Menschen, die es je gegeben hat“.

Im Jahr 1814 sah er „mit größter Freude den Fall Bonapartes und die Rückkehr der rechtmäßigen Herrscher Frankreichs und, mit ihnen, die des Weltfriedens“.

Die Universität von Kopenhagen verlieh ihm 1817 den Titel des Doktors der Theologie honoris causa.

Im Jahr 1818 nahm er in Genf an der Weihe seines Sohnes Frédéric zum Pastor teil. Er setzte ihn 1820 als Hilfspastor in der Pariser Kirche ein.

Jean Monod war zu dieser Zeit ein allseits respektierter Pastor; im Jahr 1820 erhielt er das Kreuz der Ehrenlegion.

Die letzten Jahre seines Lebens waren jedoch geprägt von Sorgen und Spannungen mit denjenigen seiner Söhne, die die Pastorenlaufbahn eingeschlagen hatten.

Als Adolphe in seine große spirituelle Krise schlitterte, die von 1824 bis 1827 dauerte, war Jean ein hilfloser Zuseher. Als Adolphe sich dann zu den Ideen der Erweckungsbewegung bekehrte, konnte sein Vater, ein typischer Vertreter der Religiosität der Aufklärung, dies nicht verstehen. Julien-Pierre Monod, einer von Adolphes Enkeln, spricht in diesem Zusammenhang von einem „Kluft der Verständnislosigkeit, den der Unterschied der Generationen allein nicht erklären kann“.

Spannungen zwischen Frédéric Monod – auch ein Anhänger der Erweckungsbewegung; er verließ sogar die reformierte Kirche im Jahr 1848 – und seinem Vater traten zutage als Charles-Frédéric Grawitz (1804-1852) nach seinem Theologiestudium den Wunsch ausdrückte, im Temple de l’Oratoire in Paris geweiht zu werden. Seine Bitte wurde ihm im Jahr 1827 gewährt. Frédéric Monod und sein Pastorenkollege Henri François Juillerat-Chasseur (1781-1867) erklärten daraufhin, daß „ihr Gewissen es ihnen nicht gestatte, an dieser Weihe teilzunehmen“. Sie schrieben einen offen Brief an die Pastoren Frankreichs und Genfs, in dem sie Grawitz beschuldigten, „irrige fundamentale Lehren, die der Heiligen Schrift widersprechen, zu vertreten“. Dieser Streit war eine schmerzhafte Erfahrung für Jean Monod, der sich für die Weihe von Grawitz ausgesprochen hatte. Er schreibt Folgendes an Adolphe:
„Du hast das an alle Pastoren Frankreichs und Genfs gerichtete Schreiben erhalten, von Monod Sohn unterzeichnet, in dem dargelegt wird, daß Monod Vater die Seelen in die Verderbnis führt. Ich bin nicht im Begriff, mich zu beklagen. Vor elf oder zwölf Jahren, als man mir erzählte, daß Malan die Verdammnis seines Vaters verkündete, habe ich heftig meinen Unwillen gegen diese abscheuliche Ungeheuerlichkeit ausgedrückt, und ich war weit davon entfernt, zu glauben, daß sich so etwas in meiner Nähe wiederholen könnte. Heute nehme ich davon nicht ohne großen Kummer Kenntnis, und ich sehe darin ein unerfreuliches Vorzeichen für unsere Kirchen, aber ich nehme es als eine Prüfung an, die die Vorsehung meinen alten Jahren vorbehalten hat. Ich sehe darin zwei Gründe, zufrieden zu sein: erstens, daß ich mir aufrichtig und vor Gott sagen kann, daß ich nicht die geringste Bitternis in meinem Herzen empfinde, und zweitens, daß ich mich in meinen Überzeugungen gefestigt sehe, und glücklich bin, nicht solche zu besitzen, die sich zum Richter über das Heil oder die Verdammnis der Menschen machen. Da das Leben und die Lehre der Methodisten – Anmerkung des Übersetzers: es handelt sich hier um einen abwertenden Spitznamen für die Vertreter der Erweckungsbewegung – (glücklicherweise) eine Anhäufung von Widersprüchen darstellen, habe ich nicht den geringsten Zweifel daran, daß meine Söhne für mich bis zu meinem Ende das sein werden, was sie immer gewesen sind, nämlich die allerbesten Söhne.“
Was Guillaume Monod angeht, betrübte er seinen Vater insbesondere mit seiner Zuneigung zur Prädestinationslehre. Guillaume bekam 1828 seinen ersten Pastorenposten in Saint-Quentin. Er zeigte sich in der Ausübung seines Amts etwas schwärmerisch, was für gewisse Spannungen sorgte – und Vorzeichen für spätere Entgleisungen darstellte.

Adolphes Schwierigkeiten mit der Reformierten Kirche in Lyon ab 1829 gaben seinem Vater, der seine strenge Haltung ablehnte, ebenfalls Anlaß zu tiefer Bekümmernis.

Das Jahr 1832 war besonders reich an Ereignissen:

Am 19. März wurde Adolphe durch eine königliche Ordonnanz von seinem Dienst in Lyon abberufen. Jean mißbilligte die Tatsache, daß sein Sohn sich in der Evangelischen Reformierten Kirche von Lyon engagierte.

Am 5. Mai wurde Guillaume in eine Klinik eingewiesen, nachdem er sich zum Palais des Tuileries begeben hatte, um dem König Louis-Philippe eine Warnung Gottes zu übermitteln. Nach einem sechsmonatigen Aufenthalt in der Nervenklinik von Vanves, wurde er nach Fishponds in der Nähe von Bristol (England) überwiesen, wo er vier Jahre lang eingesperrt blieb, bis nach dem Tod seines Vaters, dem er die Hauptverantwortung für seine Internierung zuschrieb.

Nachdem der Präsident des Kirchenrates der Reformierten Kirche von Paris, Paul Henri Marron während einer Cholera-Epidemie am 31. Juli verstorben war, folgte ihm Jean Monod auf diesem Posten nach. Frédéric bekam eine volle Pastorenstelle.

Im Jahr 1835 unternahm Jean eine letzte Reise nach Genf, um dort am Reformations-Jubiläum teilzunehmen. Im darauffolgenden Winter verschlechterte sich seine Gesundheit ziemlich rasch.

Jean Monod war bis zu seinem Tod am 23. April 1836, im Alter von 70 Jahren, an den Folgen einer Herzerkrankung, Pastor der Reformierten Kirche in Paris. Eine Menge von ungefähr 3000 Menschen, darunter nicht weniger als 57 Pastoren, nahm am Begräbnis im Pariser Friedhof Père-Lachaise teil.

Jean Monod hat zu Lebzeiten nur eine einzige Predigt veröffentlicht, und zwar eine Predigt, die anläßlich des Friedens von 1814 gegeben wurde. Seine Familie hat jedoch eine Sammlung von 51 Predigten in sechs Bänden bewahrt und sie der Vénérable Compagnie in Genf übergeben. Seine Witwe und seine vier Söhne, die Pastoren geworden waren, dachten eine Zeitlang an die Veröffentlichung einer Auswahl von Predigten, aber dieses Projekt wurde schließlich aufgegeben.

Jean Monod hinterläßt ebenfalls eine Übersetzung der Briefe des deutschen Theologen Franz Volkmar Reinhard (1753-1812) über seine Studien und seine Laufbahn als Prediger. Er hat auch ungefähr 15 Artikel zu Louis-Gabriel Michauds Biographie Universelle beigesteuert. Einer davon ist seinem Vater gewidmet.

Hauptquellen:
  • Gustave Monod, La famille Monod, 1890
  • Julien-P. Monod, Jean Monod (1765-1836), Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme, 1936, p. 117-142
Auch auf meiner Adolphe Monod Website veröffentlicht (hier).

samedi 2 mars 2013

Adolphe Monod – La misère de l’homme



Ce sermon est un bel exemple d’une prédication proprement évangélique, fidèle aux valeurs du Réveil. C’est la première partie d’une série de deux prédications qui sont indissociables.

Contexte

L’origine de cette prédication remonte à la période où Monod était pasteur de l’Eglise francophone de Naples, période pendant laquelle il s’est converti ; elle a été retravaillée dans la période lyonnaise et elle en porte les traces manifestes. En effet, le jeune converti se heurtait à Lyon à une Eglise et un Consistoire marqués par la religiosité des Lumières, qui prônait surtout la poursuite de la vertu et s’était totalement détournée du salut par la grâce, redécouvert par la Réforme. Certaines points saillants, et notamment la dénonciation des « pécheurs vertueux » semble viser directement cet auditoire de bourgeois fiers d’eux-mêmes et certains de ce que leur vie sans scandale pouvait leur ouvrir les portes du paradis.

Contenu

La prédication sert à mettre en valeur et à expliquer la première partie de Rm 11.32 : Dieu les a tous renfermés dans la désobéissance … Monod explique que le tous vise à la fois les Juifs et les païens, de tous les temps ; en établissant un parallèle avec Ga 3.22, il montre que la désobéissance doit se comprendre comme le péché. Enfin, il affirme que l’enfermement correspond à une déclaration de Dieu, ce qui lui permet de reformuler le verset comme suit : « Dieu a déclaré que tout homme, dans son état naturel, est pécheur. »

Monod justifie ensuite l’apparente dureté de ses propos. Il veut, à la manière d’un médecin, administrer un message radical pour provoquer la guérison plutôt que d’endormir le malade dans de fausses sécurités.

Il s’attèle ensuite à l’explication du mot péché, qui ne doit pas être confondu avec le vice. L’homme est pécheur, car il a manqué le but qui lui était fixé par son Créateur, à savoir d’aimer Dieu par-dessus tout autre objet d’amour. Cette exigence est enseignée à la fois dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament. Or la Bible constate l’échec de l’homme, non seulement dans certains textes clé que Monod invoque, mais aussi dans son ensemble. Monod se réfère en particulier aux trois premiers chapitres de Romains qui établissent ce point avec une grande clarté.

Monod adresse ensuite l’objection que certains textes ne concernent que les contemporains de Paul. Il met en garde contre « cet abus terrible » consistant à ajouter à et retrancher de l’Ecriture (Ap 22.18s) « sous prétexte de dépouiller la foi de ce qui n’est pas raisonnable ».

Tout en étant certain des bases bibliques de son affirmation et de leur autorité, Monod s’efforce à démontrer que la raison elle-même parvient aux mêmes conclusions. Dieu en tant qu’être parfait, mais aussi dans ses rapports avec les hommes, est suprêmement aimable. Tout ce qui est digne d’amour trouve son origine en lui, de sorte que celui qui remonte à leur source doit reconnaître que Dieu doit être le premier objet de notre amour. L’homme qui abandonne cet amour ressemble à une planète qui quitte son orbite autour du soleil, avec des conséquences désastreuses.

Monod démontre ensuite que l’homme n’est nullement à la hauteur de cette vocation ; il aime d’autres choses plus que Dieu. Le prédicateur trace ici un portrait d’un chrétien idéal dans son rapport avec Dieu, ce qui lui permet de mettre en évidence combien son auditoire en est éloigné. Nous n’aimons pas Dieu comme nous le devrions, tout au plus nous lui portons une « estime froide ».

C’est là que Monod présente une typologie de pécheurs décapante. Selon lui, les hommes sont, soit des « pécheurs mondains » qui mettent leur amour dans les choses de ce monde, soit, plus rarement, des « pécheurs affectueux » qui s’attachent avant tout à la famille et aux amis, soit enfin, ce qui est encore plus rare, des « pécheurs vertueux » (!) dont l’amour suprême se porte au devoir et aux exigences de leur conscience. Combien réservent leur premier amour à Dieu ? Avec Paul, Monod constate que ce n’est « pas un, pas même un seul ».

Le prédicateur exhorte son auditoire à s’ouvrir à ce constat de l’Ecriture et à laisser troubler sa conscience par ces affirmations douloureuses, ce qui le rendra réceptif à la miséricorde de Dieu.

La prédication se termine par une prière en ce sens.

La structure

Le sermon a une structure assez simple.

L’introduction est réduite au stricte minimum, à savoir une phrase (« Qui entendrait bien ce seul verset de la Bible aurait la clef de la Bible entière. »). C’est court, mais efficace – qui n’aurait pas envie de posséder la clé à l’ensemble de la révélation biblique ?

Le cœur du sermon se partage en trois parties assez équilibrées : (1) démonstration de l’enseignement biblique ; (2) confirmation par les constats de la raison ; (3) les types de pécheurs que nous sommes, avec un retour vers l’affirmation biblique selon laquelle tous les hommes ont fait naufrage.

La conclusion est sous la forme d’une prière.

Eléments oratoires

Monod ne semble pas donner beaucoup dans des effets oratoires. On peut signaler surtout des effets de répétition ; ainsi, il répète trois fois « Si l’homme n’est pas dans le désordre … » en trois phrases successives lorsqu’il défend l’universalité de l’enseignement biblique, et pas moins de six fois « il n’est pas vrai en six phrases successives quand il insiste sur combien ses auditeurs s’éloignent de l’attitude qui convient à l’homme dans ses rapports avec Dieu. Rien que de très classique, du point de vue de l’art oratoire.

Apport

Ce sermon est fondamental car il dégage la fondation de la doctrine du péché que défend Monod. Lors de sa conversion, il avait découvert que le péché ne doit pas être confondu avec le vice. En cela, Monod critique la notion du péché véhiculée par les Lumières et revient au concept du péché tel qu’il se trouve enseigné chez Paul notamment.

Le sermon contient aussi une réfutation en règle de l’approche libérale qui s’érige en juge sur l’Ecriture et se permet d’en retrancher ce qui ne convient pas à la raison. Bultmann trouve ici un contradicteur avant l’heure. Monod laisse transparaître son profond respect pour l’Ecriture : « Quand la Parole de Dieu s’est ainsi expliquée, je n’ai pas besoin, quant à moi, d’autre autorité. »

Points faibles

Il nous semble que Monod fait quelque peu violence au verset sur lequel il base sa prédication en affirmant que l’enfermement dans le péché doit se comprendre comme déclaration de la part de Dieu que l’homme est pécheur. L’idée d’une déclaration par Dieu au sujet de l’état de l’homme se retrouve en effet dans le concept biblique de justification (où Dieu déclare justes les croyants), et peut-être est-il légitime de supposer une déclaration analogue de péché, mais il nous paraît douteux de voir cette déclaration dans Rm 11.32, qui semble plutôt suggérer que Dieu a laissé l’homme s’enfoncer dans son péché (cf. Rm 1.28 : … Dieu les a livrés …). Contrairement à la justification, l’homme n’a nul besoin d’être déclaré pécheur, ses actions rendent manifeste qu’il l’est. Quand Monod dit qu’il « serait aussi superflu que facile de prouver par toute l’Ecriture que [l’expression « Dieu a renfermé les hommes dans le péché »] ne signifie pas que Dieu ait contraint les hommes au péché, mais que Dieu les a déclarés pécheurs », non seulement il ne nous fournit pas cette preuve, mais il semble introduire un élément étranger au verset qu’il commente, ce qui est critiquable de la part d’un prédicateur qui se veut rigoureusement fidèle aux Ecritures.

Autres particularités

Nous rencontrons dans ce sermon une caractéristique de Monod que nous allons retrouver ailleurs ; son amour pour des illustrations prises du monde des sciences naturelles, en l’occurrence l’image d’une planète qui sortirait de l’orbite autour du soleil.

NB: Cette recension, le texte original et un facsimilé ainsi qu’un enregistrement audio sont disponibles sur mon site consacré à Adolphe Monod (ici).