lundi 9 janvier 2017

Laurent Drelincourt sur les éléments



Dans le dix-neuvième sonnet de ses Sonnets chrétiens, Laurent Drelincourt (1625-1680) aborde le règne des éléments. Le sonnet s’ouvre plus difficilement que bien d’autres au lecteur moderne, car les sciences modernes n’ont pas retenu le concept de l’univers construit à partir de quatre éléments (air, eau, terre, feu), nen déplaise aux adeptes des sciences occultes. Au XVIIe siècle, en revanche, cette hypothèse héritée de lAntiquité était encore en vogue. 

Il reste à trouver un poète qui chantera la beauté des atomes et des quarks, des strings et du boson de Higgs ...

Frères, de qui toujours la parfaite harmonie 
Règne, sans s’altérer, dans vos vieux différends, 
Grands corps, de siècle en siècle, affermis en vos rangs, 
Dont tous les autres corps sentent la tyrannie, 

Eléments séparés, dont la force est unie, 
Fixes, mouvants, légers, pesants, actifs, souffrants, 
Chauds, froids, humides, secs, obscurs et transparents, 
Qui marquez du grand Dieu la sagesse infinie, 

Pères et destructeurs de tant d’êtres divers, 
Qui, naissant et mourant, dans ce vaste univers, 
Eprouvent de vos lois la fatale puissance, 

Heureux qui ne craint plus l’atteinte de vos coups, 
Et qui, sur tous les cieux, loin de votre inconstance, 
Peut vivre, respirer et se mouvoir, sans vous !

Egalement publié sur mon site Internet (ici). Vous y trouverez également les annotations de Drelincourt ainsi qu’un facsimile de 1680.

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