Dans son treizième sonnet, Laurent Drelincourt (1625-1680) s’intéresse à la vieillesse :
Pauvre homme dont la force est la force d’un verre,
Vieillard faible et tremblant, à toi-même ennuyeux (†),
A qui tant d’ennemis font ensemble la guerre –
Ne veux-tu point songer à quitter ces bas-lieux ?
Ne sens-tu point la mort qui te suit, qui te serre ?
As-tu perdu l’esprit ? Et ton cœur vicieux,
Endurci par les ans, et tenant à la terre,
N’a-t-il ni mouvement, ni chaleur pour les cieux ?
Vois ces monts sourcilleux, dont les cimes chenues (§)
Portent leur front de neige à la hauteur des nues,
Et dont le sein répand un déluge de feux.
Ainsi, pour t’élever à la gloire éternelle,
La neige sur le poil, le cœur brûlant de vœux,
Corrige ta froideur, par le feu de ton zèle.
(†) déplaisant
(§) chenu : qui est tout blanc de vieillesse. En style poétique, on le dit des montagnes couvertes de neige.
Egalement publié sur mon site consacré à la grande prédication française (ici).
Vous y trouverez aussi un facsimile de l’édition de 1680.
Vous y trouverez aussi un facsimile de l’édition de 1680.
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