lundi 27 août 2018

Portraits de Claude Brousson (1647-1698)

Malgré le grand intérêt que Claude Brousson a suscité en tant que martyr glorieux de la cause huguenote, nous n’avons qu’un portrait de lui, et son authenticité n’est pas totalement acquise. 

Ce portrait a été réalisé par un peintre hollandais vers 1695. Certains l’attribuent à Pieter van Bronckhorst [1] (1588–1661), mais il doit s’agir d’une erreur, car le peintre est mort alors que Brousson n’avait que 14 ans. D’autres citent an Gerritsz van Bronckhorst, (1603–1661), mais là encore, le peintre était mort bien trop tôt pour peindre Brousson. A notre avis, il faut plutôt l’attribuer à Johannes van Bronckhorst (1648–1727), fils de Pieter. 

Le portrait est conservé au musée de Nîmes. Une copie se trouve au Musée du Désert à Mialet dans le Gard. Malheureusement, le tableau n’est pas mis en valeur, et les conditions d’exposition ne permettent pas de faire des photographies satisfaisantes. Voici un cliché que nous avons pris lors de notre dernière visite au musée : 


Le tableau est également reproduit en couverture de la dernière réédition de la monographie d’Antoine Court [2] ; ici, Brousson paraît un peu moins potelé : 


La couverture de la monographie de Walter Utt [3] montre également ce portrait, mais de manière inversée : 


Utt fait d’ailleurs quelques commentaires intéressants concernant le tableau : 
« … Dans l’atmosphère paisible et confortable de la Hollande du XVIIe siècle, qui connaissait alors son âge d’or dans les arts, le commerce et la colonisation, Brousson, [que ses voyages en France avaient rendu] douloureusement mince, commença à prendre du poids. Après plusieurs mois de bonne chère, il ressemblait à un bourgeois hollandais dans un tableau de Vermeer. En 1695, l’artiste Peter van Bronkhorst a peint son portrait. Si le visage potelé qui fixe le spectateur est bien celui de Claude Brousson, on peut supposer que sa chère épouse Marthe avait fait tout son possible pour remplir son mari hagard de bons fromages hollandais, de pâtisseries françaises et de repas sains au cours de l’année ou des deux dernières années. La qualité de sa robe pastorale témoigne également de son état prospère. » [4] 
Et il note ailleurs : 
 « L’ampleur du personnage, contrairement à l’état douloureusement mince de Brousson lors d’un voyage en France, a conduit plusieurs historiens – dont le Pasteur Henri Bosc en 1969 – à en nier l’authenticité. Pourtant, il n’est pas inconcevable que plusieurs mois d’un régime hollandais riche en cholestérol et en glucides puisse augmenter la taille de Brousson. La description de Bâville de lui en 1696 comprend les mots « un ventre saillant » ainsi que « un visage extrêmement mince ». Des mois d’écriture de livres et de lettres à La Haye constituaient une vie plutôt sédentaire. » [5]
Le tableau de Nîmes a été reproduit sous forme de gravures. En voici une, de la part d’un certain Clavel, reproduite en frontispice de la monographie que Albin de Montvaillant a consacrée à Claude Brousson [6] :


Voici encore un extrait agrandi de cette même gravure :



Egalement publié sur notre site Internet (ici). Vous y trouvez également des images en plus haute résolution.

Annotations

[1] D’autres orthographes existent, notamment Bronchorst et Bronkhorst.

[2] Antoine Court, Claude Brousson : avocat, pasteur, martyr, Edipro, 2010, 146 p.

[3] Walter C. Utt et Brian E. Strayer, The Bellicose Dove. Claude Brousson and Protestant Resistance to Louis XIV, 1647-1698, Sussex Academic Press, Brighton, 2013, 220 p.

[4] Walter C. Utt et Brian E. Strayer, op.cit., p. 95 : « In the peaceful, comfortable atmosphere of 17th century Holland, then experiencing its golden age in the arts, trade, and colonization, the painfully thin Brousson began to put on weight. After several months of good eating, he resembled a Dutch burgher in a Vermeer painting. Sometime in 1695, the artist Peter van Bronkhorst painted his portrait. If the chubby face staring back at the viewer is indeed that of Claude Brousson, then one can assume that his dear wife Marthe had been doing everything possible to stuff her haggard husband with good Dutch cheeses, French pastries, and wholesome meals over the past year or two. The quality of his clerical dress likewise testifies to his prospering condition. »

[5] Walter C. Utt et Brian E. Strayer, op.cit., p. 177 : « The ample proportions of the subject, in contrast to Brousson’s painfully thin condition while travelling in France, have led several historians – most recently Pasteur Henri Bosc in 1969 – to deny its authenticity. Yet it is not inconceivable that several months of a high-cholesterol, high carbohydrate Dutch diet could increase Brousson’s waistline. Bâville’s description of him in 1696 includes the words “a protruding stomach” as well as “an extremely thin face.” Months of writing books and letters in The Hague constituted a rather sedentary life. »

[6] Albin de Montvaillant, Claude Brousson (1647-1698), E. Dentu, Paris, 1881, 62 p.

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